
lui-là. C’étoit donc ainsi que se terminoierit
deux voyages si longs, si pénibles y si pér
i lle u x ! Hors d’état de parler et de donner
des ordres pour, mes collections, qu’alloit
devenir ce fruit de. tant de sueurs et de tant
.de fatigues? 3 éBrffe?..
Encore , si4â fièvre qui me dévoroit eût
été accompagnée dédélire î si j’eusse perdu
là connoissance de mon état et cette affreuse
i n q u i é t u d e qui en étoit inséparable ! Mais ,
pour mon malheur,,, j avois conserve toute
ma tête 5 je voyois la mort arriver à pas lents j
j ’ënéprouvois toutes les horreurs.
Il y avoit près de huit jours que j ’y étais
• condamné , quand Swanepoel vint m’annoncer
l ’arrivée de quelques Petits Nama-
tqnois d ’une horde, voisine. Ces. bons Sauvages
avôient appris ma maladie ; et par une
suite de cette amitié que j ’avois eu le bonheur
d’inspirer û leur nation, ilsvenoient
s’offrir: à ma guérison et me proposer un
remède , du succès duquel ils répondoient,
1 disoient-ils , si je consentais à me fier à
eux. ,V t. J & ■: -
.. Daiis de pareilles circonstances, un mourant
peut-il entendre avec indifférence la
voix qui lui annonce la vie ? D'ailleurs, on
m’eût offert du poison , mes souffrances
duraient depuis si long-tems, elles étoient
devenues si intolérables que, par lassitude,
et pour les finir , je l ’eusse pris à l ’instant.
Je fis signe que je consentais au remède ,
et mes guérisseurs le préparèrent.
C’étoit aussi un topique chaud. Mais celui-
ci, aulieu d’être de lait, comme le premier ,
étoit fait avec une herbe particulière ; et
indépendamment du cataplasme , il falloit
encore me gargariser avee le suc de la plante.
J’étois prévenu contre ces colliers brûlans
dont je de vois de nouveau m’envelopper
le cou ; et quand je vis Klaas m’apporter
encore celui-ci, je sentis, je l ’avoue , quelque
répugnance. Mais le gargarisme avoit
une odeur si agréable , le goût en était si
balsamique et si suave, la nature en moi
parut subitement l’appéter avec tant de
plaisir , qu’un des remèdes me fit adopter
l ’autre.
On renouvella plusieurs fois dans la nuit
le cataplasme. Je répétai plus souvent encore
le gargarisme. Enfin, quand lé jour
p a ru t, ce ne fut pas sans une grande joie
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