
ainsi qu’on l’assuroit , nous ne devions
nous attendre , en avançant de ce côté-là,
qu’à trouver par-tout, sur notre passage,
un terrain aussi nu et probablement sans
eau douce.
D ’après une pareille annonce, il ne rn’é-
toit pas possible d’aller plus loin. Outre que
c’eût été m’exposer à perdre tous mes animaux
et a laisser dans le désert la plupart
de mes effets, je ne pouvois oublier que
chaque jour j ’avois à nourrir, indépendamment
de ma troupe , environ quarante
bouches nouvelles, et qu’une pareille fourniture
exigeoit beaucoup de gros gibier. Or,
sur une terre sans pâturage et sans eau,
quel espoir de trouver du gibier, quand
l ’époque de son passage est finie ? Ce n’é-
toit plus comme dans le fertile pays des
Cafffes, où cette caravane, si intéressante
de Hottentots que je promenois à ma suite,
et q u i, abondamment pourvue de toutes
choses, ajontoit au bonheur d e ma situation
les distractions les plus douces et les amu-
semens les plus variés. Ici la misère et la
fatigue étoient mes compagnes assidues,
e t , tout dépourvu que je fusse des inquié-?
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tudes et des terreurs qui s’étoient emparées
de tout mon monde , il s’en falloit de
béaucoup que je visse du même oeil qu’autrefois
ces nouveaux Sauvages , associés à
nies courses et si offrant de partager mes fatigues.
Ma seule ressource dans les circonstances
où je me trouvois, étoit de passer
par un canton moins sec ; et c’est sur quoi
j’interrogeai mes Houzouânas. Ils m’assurèrent
qu’en suivant la chaîne des montagnes
, nous,ne manquerions ni d’eau ni
de fourages.
Il n’y avoit plus à hésiter. Je donnai ordre
pour qu’on fît un quart de conversion ;
et nous nous dirigeâmes, en côtoyant les
montagnes qui nous bornoient à l’est. Mais
le chemin que nous avions à traverser étoit
si rocailleux et si entrecoupé de ravins ,
qu’un trajet de six lieues employa notre
journée entière , et que , malgré les ardeurs
insupportables d’un soleil brûlant ,
il fallut le faire tout d’une traite , parce
qu’il ne nous offrit ni eau ni abri.
La route ne me présenta d’autre événement
qu’un nid d’autruche couveuse. La
femelle ayoit devajit elle quatre oeufs , dé-
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