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qtie je me sentis soulagé. Déjà je respi-
rois plus aisément. Le gonflement et l ’inflammation
du pharynx étoient diminués.
De moment en moment, le mieux augmen-
toit j enfin , je pus avaler , et alors mon
eséulape me fit dire de prendre du lait
froid.
D ’après mes préjugés d’Europe, c’étoit
une ordonnance bien étrange que celle de
ce lait dans urt état de fièvre continue.
Mais que pou voient des préventions contre
une confiance fondée sur des succès ? Je
m’abandonnai aveuglement aux soins de
mon médecin, et je n’eus qu’à m’en ap-*
plaudir.
( Dès le troisième jour du traitement ,
je me trouvai guéri. Plus d’ésquinancie ,
plus de fièvre, plus d’engorgement ni d’enflure.
Il ne me restoit plus de ma maladie
qu’une foiblesse excessive qui ne m’empêchant
pas de sentir que j ?étojs hors de
danger, me laissoit sentir, en même tems ÿ
tout ce que j ’avois d’obligations à celui
qui m’en avoit tiré. Je demandai à le voir*
et on me l ’amena.
C ’étoit .pour la première fois que je
l ’apperce,vois et qu’il entroit dans ma tente.
Différent des médecins d’Europe qui ont
besoin d’examiner la langue et de tâter
le pouls j celui-ci s’étoit contenté de s’informer
de mon état et 'de me traiter par
intermédiaire j et ce moyen lui avoit suffi.
Je vis un petit homme qui à l’extérieur
ne différoit en rien de ses autres cama-1
rades. Il ne savoit, sur ce qui concernoit
mon traitement, que ce qu’ils savoient tous.
Aussi paroissoit-il plus sensible au plaisir
de m’avoir guéri qu’à 'la gloire d’avoir
fait une cure et obtenu la confiance d’un
Blanc. ‘ |
Pendant tout le tems de ma maladie ,
mes gens s’étoient piqués, à l ’envi , des
plus grandes attentions pour mon Tant
qu’âvoient duré les alarmes, tous s’étoient
abstenu de danses et de chants. J e ii’avois
point même entendu d’éclats de rire. Les
mêmes soins eurent lieu pendant ma convalescence
, sans que j ’eusse besoin de
donner à ce sujet, aucun ordre j et ces
fruits de l’amitié qu’on me portoit furent
pour moi des jouissances délicieuses.
Epuisé de provisions, je n’en avoîs, par-
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