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espoir de me faire entendre ; et d’ailleurs l
que dire à des gens dont je ne savois pas
la langue. Je pris donc le parti d’en employer
une qu’ils pouvoient comprendre;
et je leur lis , ainsi que ma petite troupe,
tous les signes d’amitié que les circonstances
du moment nous suggérèrent. Mais ce
langage étoit entièrement nouveau pour
eux.- Ils ne l ’entendirent point , et je me
vis réduit à mettre en usage de seul qui fût
à leur portée, celui des présens.
Alors je m’avançai vers leurs huttes,
que je trouvai toutes vides, à l ’exception
d’une seule dans laquelle étoit resté un petit
chien, A l ’entree d’une autre, il y avoit
un tas de roseaux et quelques os aiguisés,
destinés, Sans doute, à faire des flèches.
A in s i, qu’on attire un animal domestique
par l ’appas de quelque friandise, je déposai,
auprès du tas , du tabac et des verroteries ;
après quoi, je revins à mon premier poste.
Pendant cette opération, ils s’étoient
éloignés encore davantage. Mais quand je
fus retiré, ils se rapprochèrent, et vinrent
ramasser Je présent que j ’avais laissé.
L ’attention avec laquelle ils l ’examinèrent,
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rent, la joie qu’il parut leur causer, me
firent croire que, d’après ces préliminaires
d’amitié, je pourrois m’aboucher avec
eux. Je m’avançai de nouveau, suivi de
ma troupe ; màis ils se retirèrent une seconde
fois.
A la vé r ité , ils s’éloignèrent beaucoup
moins que la première. Je remarquai même
qu ils sembloient discuter entre eux, et
je me flattai que peut - être ils ne tarderaient
pas à entrer en conférence; Je crus
donc qU. il fhlloit en finir. Je pris un, nouveau
présent de tabac et de verroteries, et
le leur faisant; apperçevoir, je m’avançai
seul vers eux.
Ce moyen de négociation réussit. Un
homme se détacha de la bande , et s’approcha
de moi, à la distance de cent pas,
pour me demander qui j ’étois et ce que je
Voulois? J’avois remarqué avec surprise que
cet homme étoit n o ir , tandis que tout le
reste de la horde, hommes et femmes , l ’é-
toit beaucoup moins que les Hottentots
mêmes. Mais ce qui m’étonna bien davantage
, ce fut de l ’entendre me questionner
en hpttentot. Je répondis, dans la même
Tome I II . L