
des roches entassées les unes sur les autres
et surmontées par des pitons plus élevés.
L ’aspect en étoit vraiment hideux, et sans
quelques plantes chétives et rabougries,
q u i, d’espace en espace, montroient leur
triste végétation, on n’y eut vu que le tableau
désolant d’une nature inanimée et
morte. L ’horreur de ce lieu sauvage crois-
soit encore par le silence qui y régnoit ; seulement
d’intervalle en intervalle on enten-
doit les cris aigus des damans, ainsi que la
voix discordante des oiseaux de proie, et'
l ’oreille en étoit déchirée.
Je craignois effectivement que l ’erreur
qui nous avoit égarés ne nous exposât à
quelque aventure fâcheuse ; et ce fut cette
erreur même qui, par le plus heureux des
hasards , nous fit découvrir ce que je cher-
çhois avec tant d’incertitude et d’empressement.
En parcourant des gorges, nous apper-
çumes des traces de pas d’hommes , toutes
fraîches. Elles conduisoient à des roches
que nous escaladâmes, et sur lesquelles nous
trouvâmes des cendres chaudes et quelques
restes de charbons encore brûlans. Il étoit
évident que c’étoit-là qu e , pendant la nuit,
avoient été allumés les feux j et les vestiges
qui en subsistoient nous annonçoient
q u e la contrée étoit habitée et que ce que
nous cherchions n’étoit pas loin.
Malgré tout oe que jusqu’alors nous
avions mis de précautions dans notre route,
une pareille découverte nous-fit néanmoins
redoubler encore d’attentions. Enfin, après
quelque tems de marche, nous arrivâmes à"
un ruisseau qui débouquoit d’une gorge
étroite. Sur ses bords paissoient quelques
Taches ; et à quatre cents pas plus lo in , vers
le débouquement, étoit bâti un certain
nombre de huttes i c’étpit un campement
d’Houzouânas.
Dans le moment, il n’y avoit en-dehors
que des femmes, qui , à notre vue , poussèrent
un cri d’ail arme. Mais au signal les
hommes sortirent des huttes , armés d’arcs
et de flèèhes ; et toute la troupe , s’enfonçant
dans la gorge, alla se cantonner sur
un tertre, d’o ù , avec assurance , elle observa
notre conduite, pour se décider sur
celle qu’elle avoit à tenir.
Eloigné comme je l ’étois, il n’y avoit nul