
torride à laquelle nous touchions. Eux qui
pëndaiit mon, premier Voyage fournissoiënt
quelquefois, quand les circonstances l ’exi-
geoient, à des marches de douze heures ,
maintenant, après une marche de six , ils
se trouvoient anéantis et ne pouvoient plus
faire un pas. Ils me voyoient subir volontairement
les mêrnçs fatigues qu’eux sans
m’en plaindre, et mon exemple n’opérôit
rjen sur leurs courages abattus.
C’étoit particulièrement de la soif qu’ils
ge plaignoient, plus que de tout autre mat
encore. En vain je les exhortôis à user du
remède que j’avois découvert; c’est-à-dire,
à ne pas boire beaucoup et à se contenter
de Japper de tems en tems un peu d’eau ,
comme mes chiens ; ce qui suiïïsoit pour
humecter les glandes salivaires et pour te-
nïrCïâ büuche fraîche ; leur opiniâtre igno-
rândêTh’écoutoit rien. Dès qu’ils trouvoient
de l’e au , je les yoyois tous s’en remplir
rèsfoihac jusqu’à perdre haleine : ils bu-
vôiént pour la soif présente , et croyoient
boire encore pour la soif à venir ; ils ne
voyoîent pas que cette masse de liquide ,
après avoir pesé sur leur estontac et allourdl.
leurs mouvemens, s’échappoit bientôt en
sueurs abondantes qui les affoiblissoient
et leur communiquoient un relâchement
général, dont ils attribuoient à tort la
eause au climat.
D ’ailleurs, les eaux étant presque toutes
plus ou moins saumâtres, elles leur
donnoient des diarrhées qu’ils pèrpétuoient
eux - mêmes, en refusant le seul remède
que nous avions pour les arréter. Déjà ils
avoient oublié ces protestations de zèle et
ces sermens qu’ils s’étoient empressés de
me faire à mon départ du camp de l ’Orange
, et l ’humeur qu’ils commençoient
à prendre m’en donnoit beaucoup à moi-
même.
A ce sujet d’inquiétude s’en joignit Un
autre. Aux approches du k ra a l, tous les
membres dé la horde qui ri’étoient point
avec' moi vinrent à ma rencontre , mais
tumultuairement et sans chef. Ce chef
étoit mort tout récemment ; et depuis ce
tems il n’y âvûit plus dans la société qu’a-
Uarchie, désordre et confusion.’ D’abord
on s^etoit réuni pour nommer un succès-
gëur au défunt. Mais celui-ci ayant refusé