
corë qu’à chaque coup il en érafloit les canons.
Il succomba pourtant. Je m’en vis
maître j et cette possession, par le plaisir
extrême qu’elle me causa, me dédommagea
bien amplement de toutes les peines et
fatigues que m’avoit causées ma petite excursion.
Ce vautour, qu’aujourd’hui je possède
dans mon cabinet, et sans contredit le plus
beau de tous ceux de son genre, forme une
espèce entièrement nouvelle , q u i, jusqu’à
présent, a été absolument inconnue. Il a
plus de trois pieds de h a u t , et huit à neuf
pieds d’envergure. Quant à sa force , s’il est
permis d’en juger par ses nerfs et ses muscles
, elle doit avoir été considérable 5 et je
s u i s convaincu que parmi tous les oiseaux
carnivores il n’en est peut-être aucun qui soit
plus fo r t, pas même le fameux condor, vu
par tant de voyageurs, et dont toutes les
descriptions diffèrent pourtant tellement,
que son existence.me paroît encore un problème.
Ce qu’il y a du moins de très-certain
, c’est qu’il n’est dans aucun cabinet
connu , et q\*es pas un curieux existant n’assure
l ’avoir vu 3 il paraît que chaque yoya*
« S i
geur , ayant voulu parler du condor, tous
l’ont vu j les uns au Pérou , d’autres dans
la mer du sud, d’autres encore en A fr ique
, etc. 3 enfin,; on l’a rencontré par-tout.
EtBùffon, si ingénieux en rapprochemens,
le reconnoît dans dhaque espèce de grand
grand oiseau, indiquée par les voyageurs,
malgré le peu d’analogie qui se trouve dans
leurs descriptions (1).
J’aurois pu aisément aussi parler d’un
condor 3 car j’ai vu beaucoup de grands
oiseaux de proie , et dans le nombre de
ceux que j ’ai rapportés il en est plus d’un
qu’il m’eut été, facile de faire passer , aux
yeux des esprits crédules, pour un enle-
veur de moutons 3 et quoiqu’en disent tous
ceux qui assurent avoir vu enlever des moutons
, je soutiens qu’il n’y a pas un oiseau
connu qui puisse emporter, dans ses serres,
n u animal de cette taille. En tout cas,
voici la description de mon vautour africain
, que je n’ai pas seulement v u , mais
( 1) V o y e z d a n s B u f f o n , l ’ a r t i c l e d u c o n d o r , Hùt*
nat. des oiseaim, t o m . I.
C c 4.