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l ’espoir de trouver dans mes chasses de
quoi augmenter mes collections. ;
Je tournai donc au sud-ouest, et après
quatorze lieues de marche , pour lesquels
lës j’employai trois jours, j ’arrivai sur le
Groene-Rivier (la Rivière Verte ). Mais
combien je me trompai encore dans ces
rêves de mon imagination ! ; t?,
Le premier objet que je vis à mon arrivée
fut des fumées d’éléphant , encore tiè-
des. Elles m’annonçoient qu’il y avoit près
de là quelques-uns de ces animaux. Je pris
avec moi S wanepoel ; e t , sans perdre de
tems, j ’a lla i, tandis qü’on campoit, les
chercher et suivre leur piste. A me voir
partir ainsi, suivi d’un seul homme , on
eût dit qu’il s’agissoit de tuer un lièvre ou
un lapin. Précédemment je n’eusse point
osé jouer de pareils jeux ; mais insensiblement
on s’aguerrit , et les plus grands
dangers deviennent alors des aventures ordinaires.
,
Nous n’eûmes pas fait trois cents pas
que nous apperçumes cinq éléphans, arrêtés
au milieu des arbres qui bordoient
la rivière. Chacun de nous visa le sien 5
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chacun de nous l ’abattit, et les trois au»
très s’enfuirent. Au bruit du coup , mes
chasseurs accoururent j et ils trouvèrent
mon vieux Stvanepoel q u i, regardé jus^
ques-ly. par eux comme un bon homme ,
propre seulement à garder mes poules,
les nargua, en leur montrant l’éléphant
qu’il venoit de tu e r, et leur demanda s’ils
feroieiit un plus beau coup de fusil ?
Les animaux morts étoient deux mâles.,
de même taille et de même, grosseur à
peu près, hauts chacun d ’environ dix
pieds. C’est la grandeur ordinaire des élér
phans d’Afrique j ceux qui ont onze à
douze pieds sont assez rares. Cependant
ceux-ci n’étant -pointde même âge , leurs
défenses étoient fort inégales. Celles de
l ’un pesoient de soixante - dix à quatre-
vingt livres, tandis que celles de l ’autre
n’en pesoient que trente - cinq à quarante.
Ce qui me prouvoit encore mieux la
différence d’âge , c’est que ces défenses
plus lourdes étoient pleines, à peu de
chose près> et que les autres étoient creu