
V o y a g e
dans le plan d’attaque, et je fus, en effet,
«omble d’éloges et de remercknens.
Le chef me pria d’accepter, au nom de
la horde et pour gage de sareconnoissance,
quatre moutons et deux boeufs. Je pris les
moutons, que je fis égorger à l’instant pour
ajouter au festin qu’âlloit fournir la lionne j
mais j ’abandonnai les deux boeufs à Klaas,
qui effectivement les avoit bien gagnés.
D ’abord il les refusa et il s’obstinoit même
à me les laisser. Mais quand je lui eus remontré
qu’ils étoient donnés à la mort de
la lion n e , et que cette mort étoit son ouvrage
, il n’hésita plus à s’en emparer.
Ce festin fut d’autant plus agréable qu’il
étoit composé, en grande partie , de l ’animal
qui avoit causé tant de dégâts. Je ne
parta geo is pôint assurément le goût des
convives pour cette chair. Cependant j ’essayai
d’en goûter, et la trouvai, inférieure
à celle du tigre.
Après le régal vinrent les divertissemens.
On dansa , on chanta toute la nuit ; et ces
fêtes bruyantes , qui ne me permirent pas
de me livrer un instant au sommeil, me
rappelèrent aussi les jeux néméens.
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Pendant la nuit, je n’entendis le rugissement
ni des lionçeaiux, ni de leur père.
J’en attribuois la cause au bacehanal affreux
que faisoient mes Sauvages; et réellement,
quand tous les lions de la contrée
se fussent réunis dans la remise pour y
gronder ensemble , je ne sais si leurs voix
n’eussent pas été couvertes par le fracas et
le tintamarre de la fête. Mais ce silence
¿voit une autre raison. Le mâle, effrayé
des dangers qu’il venoit de courir, avoit
profité des ténèbres pour se retirer avec sa
famille ; et le matin, quand nous revînmes
lui donner la chassé, rïous trouvâmes crenx-
buisson. 1
Dès les premiers pas que firent mes chiens
dans le fourré, je m’apperçus, ûla manière
dont ils quêtoient , qne nous arri vions trop
tard. Néanmoins , afin de m’en assurer, je
fis tirer quelques coups de pistolet ; dans
l’espoir que les carnivores , s’ils y étoient
encore, effarouchés du bruit, s’y feroient
bientôt entendre, ou par leurs rugisse-
rnens, ou par l ’agitation de leur course.
Cette précaution n’ayant rien produit,
nous pénétrâmes avec circonspection dans