
mouillé. Cependant, le ciel restoit constamment
couvert j et le vent eharrioit beaucoup
de nuages , q u i, passant avec rapidité
sur nos tâtes , alloient s’accumuler aux Calais
et y préparer la saison des pluies pouç
le Cap.
Déjà cette saison étoit commencée dans
les montagnes septentrionales où l’Orange
prend sa source. Au moins ce fleuve , depuis
une quinzaine de jours que je l ’avois
traversé , s’étoit acCru de plus de vingt
jùeds. Il couloit à pleins bords, cliarrioit
quantité d’arbres entiers qu’il avoit déracinés
, et formoit même de grands lacs en
plusieurs endroits de la plaine. Enfin , mon
camp , qui d’abord avoit été placé à six cents
pas du bord , par-delà le bois * n’en étoit plus
à cinquante ; tous les arbres se trou voient
noyés presque en entier , et nous n’en ap-
percevions plus quë quelques branches et
les cîmes. Ce spectacle , l ’un des plus majestueux
que j ’aie contemplé en Afrique,
eut long-tems attaché mes regards, s’il ne
fut yenu déranger un peu mes projets. En-
tr’autres inconvéniens dangereux pour ma
caravane, il m’otoit l ’avantage de la chasse
b u A r n i q u x. 3^3
aux hippopotames ; ces anïphibiés n’aiment
point les eaux troubles et fangeuses : ils .s’é^
toient retirés vers les bords de lâ mer, &
Plusieurs de mes nouveaux Saüvages ,
ayant leur horde de l ’autre, côté du fleuve*
ils regrettoient beaucoup d’être restés si
long-tems avec moi. Les Cheyssiquois, au
contraire,'exempts de -cette inquiétude eft
bien nourris dans mon camp,, s’applaudis'-
soient d’y être et he paroissoient point songer
à ¡leur départ. Mais j ’avois promis à leur
chef de les ren voyer au bout de huit jours^
et je tins parole, • ■ ■ >
Je leur donnai à tous plus que je n’avois
promis . La fille du che f fut chargée , comime
il me l ’avoit demandé lui -même, du
présent que je lui destinois j - ét quanti,à
elle , sa récompense fut un joli mouchoir
rouge et quelques verroteries' blanches ,
dont elle faisoit grand cas. Elle avoit été
traité avec distinction dans mon camp. Aucune
des commodités, pas même, celles des
onctions, ne lui avoit été interdite ; j ’aa-
sistois quelquefois à sa toilette qui étoit à
la vérité toujours la même , mais je pre-
îiois chaque fois un nouveau plaisir à voipr
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