cherché à leur en inspirer , par les effets
la plus grande terreur. Jamais je ne les leur
laissai toucher, et je me gardai bien surtout
de leur en montrer la manoeuvre et
l ’usage. Avec le désir de s’en procurer,
peut-être en auroient- ils bientôt j et alors
de quel danger ne seroient pas pour les
colonies et même pour le Çâp, ces terribles
Miquelets , q u i, inattaquables dans
leurs montagnes et infatigables dans leursj
. courses, sont encore, par leurs invasions
inopinées et nocturnes, des.ennemis irrésistibles
! Plusieurs fois je me suis applaudi
que la nation fut une des plus pauvres de
l ’Afrique, et que, dénuée de tout, elle
ii’eut rien à offrir aux échanges du commerce.
Sans cela., ceux des colons qui se
font coureurs des déserts, auroient peut-
être pénétré jusqu’à elle. Peut-être lui eussent
ils vendu de la poudre et des armes.
Au moins ils lui en auroient donné le désir.
Eh ! qui sait ce que ce désir aurait
produit !
Ces hommes redoutables sont pourtant1
c eu x , d’entre tous les Africains, qui m’ont
inspiré le plus d’amour et d’estime. Ce sont
ceux avec qui j ’eusse entrepris sans crainte
de traverser d’Afrique toute entière, si ma
bonne fortune me les à voit fait connoître
plutôt j et si jamais les circonstances me
permettent, de reprendre le projet qu’il
m ’a été si douloureux d’interrompre , ils
seront les seuls que j ’y associerai, et les
seuls vers qui je dirigerai soudain ma
route.
Le plaisir que je sens encore à parler
d’eux doit faire juger de la peine que j’eus
à les quitter. Pendant le reste du jour, j ’éprouvai
du vide et de l’ennui. Il sembloit
qu’il me manquoit quelque chose ; et mon
déplaisir augmentoit encore, par le plaisir
que leur départ excitoit entre plusieurs
de mes Ifottentots. Ils triomphoient, comme
s’ils eussent gagné leur procès, contre
moi. Par l’éloigneinent desHouzouârias, ils
croyoient me redevenir plus nécessaires,
La nuit tempéra un peu cette allégresse
insolente. Vers la chute du jo u r , nous ap-
perçûmes des feu x , à deux ou trois lieues
de nous, sur notre droite j et alors le ton
d’assurance baissa tout à epup, et les transes
recommencèrent. Probablement c’è