
pour comble de bonheur, il n’ÿ eut per,
sonne de blessé $ e t , ce qui me parut fort
extraordin aire, pas même un seul des boeufs
qui furent poussés dans le.fort. Il est pré-
sumable que si noua'avions tué le lion en
premier, nous serions parvenus à détruire
la famille entière j mais si l ’un des lion-
ceaux Peut été avant la mère , il n’est pas
douteux qu’il en eût coûté da vie à quelqu’un
d’entre nous ; car la mort d’un des
petits auroit infailliblement mis la mère en
fureur ; e t , bravant tous les dangers , elle
se seroit jetée sur la troupe. J’avois aussi
expressément recommandé de ne pas tirer
sur les petits avant d’avoir tué les vieux.
Satisfait d’avoir délivré la horde d’un
fléau, et n ’ayant plus de motif de rester
plus Ion g-tems auprès d’elle , je fixai mon
départ pour le surlendemain. Cette déclaration
jeta l ’alarme parmi mes gens. Us ve-
noient dè retrouver chez les Namaquoîses
ces moeurs faciles et complaisantes que précédemment
ils avoient rencontrées quelquefois
dans d’autres peuplades ; et ce mot
i f leur faisoit desirer de .séjourner dans
celle-ci. En quittant les Houzouânas , ils
avoient
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^voient demandé de retourner au camp de
l’Orange par le plus court chemin, et maintenant
ils demandaient à rester sans aucun
prétexte. Mais de pareilles requêtes étoient;
peu propres à me toucher. Je n’étois pas
homme à changer mon p lan , pour satisfaire
aux plaisirs de gens dont j ’avois tant
à me plaindre ; et en conséquence, je déclarai
que je ne changerois pas de résolution.
Pour me rendre sur l ’Orange, j ’avois à
choisir entre deux routes différentes. L ’une
consistent à traverser à l ’ouest, de gagner
la mer, et de la suivre jusqu’à l’embouchure
de l ’Orange j de l à , en côtoyant ses
bords, dè remonter jusqu’à ce que je retrouvasse
mon camp de la-giraffè. Par l ’autre
, je n’avois qu’à suivre la direction des
montagnes, et comme elles couroient sud,
et qu’elles me traçoient mon cbemin, il
devenoit à la fois plus sûr, plus facile et
plus court.
J’inclinois d’autant plus fortement pour
la première , qu’en parcourant ce fleuve ,
il me donnoit lieu d’un connoître le cours j
chose que je désirois beaucoup. Mais dans
Tome I I I , * S