
vo ir, soixante-treize hommes et dix-neuf
femmes y et le troupeau l ’étoit de cent
soixante-dôuze bêtes à cornes , sans compter
les bêtes blanches.
Depuis quelques jours, la rivière avoit
baissé, et les Kaminouquois en avoient
profité pour retourner chez eux avec leur
camarade blessé. (
Toute ma carayane s’apprêtoit à marcher.
On n’attendùit que mon signal j et
déjà moi-même je posois le pied sur le jti-
mon, pour monter dans mon charriot.
Dans cette position , le boeuf qui étoit de
mon côté me détache une ruade , et il me
frappé très-violemment à la jambe que j ’a-
vois en l’air.
Je fais un cri y tout le monde accourt.
On ne doute pas que je n’aie la jambe brisée
du coup. Moi-même , à la douleur qui
me l ’engourdit et qui m’en ôte le sentiment,
j ’ai tout lieu de le craindre y et c#
n ’est qu’après plus d’un quart 3 d’heure,
quand l ’engourdissement est passé , que je
m’apperçois que j’en serai quitte pour uni
forte contusion.
Klaas s’irrite contre moi y et mettant à
profit la leçon cruelle que je venois de recevoir
, il s’adresse brusquerpent à Eern-
fry, lui propose douze livres de poudre et
douze* livres de plomb pour deux de ses
boeufs timoniers y et sans me permettre une
réflexion, il part avec lui pour les aller
prendre. Klaas avoit raison. Les deux boeuf«
arrivèrent y le prix convenu fut payé, et
nous partîmes.
Mon projet étoit de côtoyer pendant
quelque tems la riv iè re , en suivant son,
cours et m’éloignant le moins possible des
bois qui la bordent. Cette route m’assu-
roit à la fois et de l’eau et des pâturages
abondans. Mon charriot marcha même assez
bien, à l’aide des deux timoniers que
m’avoit vendus Bernfry y mais il n’en fut
pas ainsi des deux autres voitures. Leurs
attelages étoient si récalcitrans et si indociles
que vingt fois elles manquèrent d’être
culbutées contre des arbres ou renversées
dans des précipices , et que nous employâmes
trois jours à parvenir au gué ,
c’est-à-dire, à faire une marche qui eut
dû être l ’ouvrage d’une forte journée»
Bb, a