
presque entier qui pâssa contre notre bâtiment.
Ce triste spectacle nous annonça
encore tin malheur arrive pendant le
dernier coup de Vent. Enfin, le t novembre
, nous eûmes connoissance des côtes
de l ’Europe , où nous fiâmes constamment
battus des vënts contraires, jusqu’à l’entrée
du canal, où nous fîmes station avec plus
de deux cents bâtihiens, revenant de toutes
le§ parties du monde , et que les vents
contraires reteiiûient là aUssi. bien que
nous. Mais quelle fut notre surprise lorsque
le vaisseau quë nous avions cru perdu
sur le banudes Aiguilles , avec son équn
page , le MiddelLourg, fut reconnu dajis
ce nombre. Dans l ’excès de ma jo ie , je
voulois prendre un canot pour aller jusqu’à
lui $ mais là mer étoit impraticable
pour un aussi frêle bâtiment | nul matelot
n’auroit voulu me conduire. La mer
ëtoit affreuse.Le malheureuxMiddelbourë;
me sembloit placé dans une situation plus
défavorable encore que nous p ii më sembloit
à moi tout délabré $ c’étoit un malade
qu’une rechute alloit infaillibleiiieiit entraîner
à sà perte. Triste pressentiment que
personne ne vouloit partager avec moi, et
que la destinée de voit vérifier le jour même.
A peine fufnes-nous entré dans le canal,
qu’une brume épaisse s’éleva j elle devint
à chaque instant plus compacte, et les
vents les plus violens commencèrent à souffler
ils s’accrurent tellement que ni l ’art
de nos marins , ni la manoeuvre la plus habile
, ne purent rien contre sa violence.
De lame en lame; et par bonds précipités,
nous nous vîmes portés sur les rochers*
A peine si nous nous distinguions 5 un
épais brouillard régnoit de touté p a r t,
comme si le ciel eût voulu nous dérober
l ’un à l’autre nos angoissés et le spectacle
de vingt naufragés. Non - seulement nous
avions à redouter les brisans* mais nous
de vio ns craindre encore de heurter contre
quelque bâtiment y car le canal en étoit entièrement
couvert. Je ne puis donner une
idée de la fureur des vents déchaînés contre
nous, qu’en disant que nos voiles, quoique
roulées j et nos cordages étoient êmportés
en chârpie. Cette fois je regardois ma mort