
avoir retiré, d’un nid d’autruche, soixante
ou quatre-yingt oeufs, et même davantage,
il doit bien se garder de croire que dans
les pontes de cette espèce, le nombre des
oeufs varie beaucoup d'un individu à l ’au-
-tre. Mais je reviens à mon camp.
A peine eûmes-nous fait halte, au pied
des montagnes, que mes Houzouânas s’empressèrent
d’y gravir, pour chercher à découvrir
les feux de leurs absens, et pour en
allumer qui les avertissent. Leurs signaux
furent inutiles encore cette fois-ci comme
les autres. Mais ces hommes actifs avoient
porté sur la montagne toutes mes outres ;
et en descendant, ils les rapportèrent remplies
d’eau fraiche.
A mon départ de l ’Orange, je m’étois
muni d’un grand nombre de ces outres,
que j avois fait faire avec des peaux de
mouton, à l imitation de celles qu’avoient
imaginées mes gens pour leur huile de cachalot.
C’etoient les femmes qui s’en char-
geoient y et elles les portoient sur le dos,
attachées à des bretelles , ou suspendues à
un bâton qu’elles tenoient à deux par un
bout. Mais depuis que les Houzouânas fîrent
partie de ma caravane, ils eurent la
galanterie de soulager les femmes de ce
fardeau j et tant qu’ils voyagèrent avec
moi-, ce furent toujours eux qui le portèrent.
La chaîne des montagnes avoit sa direction
au sud. J’employai deux jours entiers
à la suivre ; et par-tout j’y trouvai des pâturages
pour mes bestiaux, et de l ’eau des
roches -pour nous. Mais cette route con-
trarioit le désir que j’avois de me jetter
plus avant dans l ’ouest, afin de me rapprocher
des bords de la mer.
Devant m o i, à l ’ouest, étoient d’autres
montagnes , dont la chaîne , plus considérable
encore que celle que nous suivions,
se perdoit dans l’horison, et dont la direction
par conséquent me rapprochoit de l’océan,
où je voulois aboutir. Mes guides
m’assurèrent que j’y trouverois les mêmes
ressources pour l ’eau et le fourage, et ils
ajoutèrent qu’il y avoit plusieurs hordes ,
avec lesquelles ils étoient unis d’amitié ;
et pour me convaincre , par l ’accueil affectueux
qu’on leur feroit, qu’ils savoient