
d re , pendant là n u it, dès qu’ils seroient
allumés.
Tout cet arrangement déplaisoit fort à
mes trembleurs. Ils craignoient que les guides
ne nous fissent tomber dans quelque embuscade
où ils seroient tous massacrés. Ils
craignoient que les quatre hommes de garde
n’avertissent, par leurs signaux, quelques-
unes de leurs bandes, et ne vinssent avec
elles les égorger pendant le sommeil. Enfin
, il n’étoit point de danger que leur
imagination effrayée ne redoutât ; et leur
poltronerie étoit si grande qu’ils n’osoient
jamais s’éloigner seul du camp, même pendant
le jour; aussi ne pouvois-je obtenir que
mes chasseurs allassent à la chasse sans moi.
Nous dirigeâmes notre marche, à travers
les montagnes, droit au sud-ouest, et
ne fîmes halte qu’à dix heures du soir,
dans un lieu où les cavités des roches nous
fournirent d’assez bonne eau. Vers minuit,
nos quatre hommes de la horde arrivèrent;
et si leur présence me fit plaisir par l ’exactitude
scrupuleuse et le zèle actif qu’elle
annonçôit dans cette nation, elle ne fut pas
moins agréable à mes trembleurs ; qu’elle
tranquillisa un peu sur leurs soupçons.
Cependant ceux-ci, quoique voyant devant
eux leurs ennemis prétendus, étoient
si frappés, qu’ils appréhendoient encore
quelque trahisoù nocturne. Aussi n’eus-jp
pas besoin de leur recommander la vigilance.
Pas un seul d’entre eux ne dormit ;
et ils passèrent la nuit à promener les yeux
autour d’eux , palpitant au moindre bruit ,
et observant avec effroi les moindres mou-
vemens des-Houzouânas, q u i, pendant ce
tems, reposoient tranquillement.
Quand le jour parut et qu’il me permit
de voir les objets autour de moi , je m’ap-
perçus , avec chagrin, que la terre étoit
absolument aride ; qu’elle n’avoit pas une
seule touffe d’herbe ; et que par conséquent
mes bêtes avoient toutes passé la nuit
sans manger.
Je fis part de mon inquiétude aux Hou-
zouânas , ét leur demandai combien de
jours il nous falloit pour nous rendre droit
à la mer , et si nous trouverions des pâturages
et de l’eau en abondance sur notre
route. Leur réponse me consterna. Ils me dirent
que si la sécheresse avoit été générale,
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