
V o y a g e
c e lu i- c i, sa liadiesse m’étonna tellement
que , machinalement et sans réflexion
ayant appuyé la main sur la détente, je
fis partir le coup. Je crus que l ’oiseau se-
roit haché en mille pièces. Quelle fut ma
surprise de le yoir enlevé à trente pieds
au-dessus de ma tête, dans une direction
presque droite , et retomber à quelques pas
de moi ?
Je courus le ramasser. Les bouts des pennes
étoient seulement un peu brûlés) S me
parut haletant et tres-;efïrayé ) mais peu à
peu il revint à, lui , et après m’être convaincu
qu il n’a voit reçu aucune blessure,
je fui rendis la liberté, dont il profita sans
qu il parut souffrir en rien. Il est probable
que la colonne d’air qui rçmplissoit le canon
, étant chassée par l ’explosion, aura
d’abord frappé l ’oiseau , q u i, par un mouvement
d’a île , se sera en même tems écarté
de la direction du plomb meurtrier, qui
aura passé en masse sans l ’atteindre pen-
dant que le feu seulement, occupant une
bien plus grand espace, lui aura grillé le
bout des pennes des ailes et de la queue'..
Tes boeufs qu au moment de mon1 départ
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j’avois loués dans la horde, me devenant
utiles , tant parce que mes effets étoient
considérablement diminués que parce que
je me trou vois à une journée de mon camp,
je le s remis a leurs maîtres ) en invitant
c e u x - c i à v en ir , dans quelques jou rs , et
lorsque leurs divertissemens seroient entièrement
finis, me demander et recevoir le
prix de leurs services.
Assurément ces services étoient bien peu
de chose ) on en a vu la preuve ci-dessus ;
et loin de m’applaudir d’avoir à mes ordres
de pareils compagnons de voyage ,
mille fois j.’ayois désiré d’être.délivréd’eux.
Mais des momens arrivent où tout s’oublie,.
Ces hommes qui , par leur poltronerie et
leur nonchalance m’avoient tant impatienté,
à-présent qu’ils ne m’étoient plus nécessaires
, me paroissoierit n’être plus les mêmes.
Je les voyois avec d’autres y eu x , et
les excusois à nies propres dépens.
Pourquoi,.après tout, auroient-ilsépousé,
ma passion pour une science qui leur étoit
si étrangère. Tranquilles par tempérament
et par habitude , sans, désirs aucuns?, ils ne
éeyoient poiiit avoir mes folies. Combien