
H V o r a H
aux ôiseàüx que je poursuivons, et iié son. j
geai plus qu’aux moyens de me procurer ;
mon beau liliacé.
La chose ii'étoit pas aisée. Je iriânquois à|
la fois , et d’instrumens pour le cerner et 1
l ’enlever de terre sans qu’il fut endommage,!
et de corbeille ou d’autre vâse de ce'genre .1
pour l ’emporter. Aller à mes charriots chéri
cher ce qui étoit nécessaire, c’étoit l ’aban-l
'donner j c’étoit l ’exposer peut-être au dan-l
ger qu’il n’avoit point éprouvé jusqu’ici. I
Dans cet embarras, et ne voulant pas lel
perdre des y e u x , je pris le parti de tirer|
de suite plusieurs coups de fus il, afin d’ap-1
peller à moi quelqu’un de mes gens.
Effectivemen t , à cè signe d’alarme , plu-|
sieurs accoururent J ils me Croyoient ex-l
posé, et furent fort surpris de me voir e.ni
extase devant une fleur. J’envoyai chercher I
au camp quelques ferremens, et l ’une de!
Ces jolies corbeilles semblables à celles quel
Narina m’avoit données. Nous dégageâmesI
l’oignon du lys j nous l’enlevâmes avec pre-1
caution j il avoit treize pouces de hauteur, et, I
y compris ses cayeux, vingt-sept pouces del
circonférence. Par sa forme et sa couleur il j
ressembloit I
e n A f u i q u e . 6S
rësSembloit à l ’oignon de la tulippe ; mais
au lieu d’être composé de feuillets séparés,
commel’oignon dulys, il étoit plein, charnu
e t fort pesant. Au moins c’est ce que je
conjecturai par analogie , d’après quelques
Cayeux extérieurs qui dans l ’opération furent
, malgré^tous nos soins, tranchés par
les ferremens.
La plante , bien arrangée et plantée $ en
quelque sorte, dans sa corbeille, fut placée
à l’entrée de ma tente, comme ornement
et spectacle. Successivement ses corolles
«’ouvrirent et s’épanouirent toutes j et pendant
long-tems j ’eus le plaisir de m’enivrer
de sa vue et de son odeur délicieuse, jùs-
qu’à cé qu’épuisé de parfums1 et n’ayant plus
assez de force pour pomper la seve qui le
faisoit v iv re , je l ’ai vu insensiblement se
courber, se faner et mourir.
l 'J ’ai eu le bonheur de préserver l ’oignon
de ce lys pendant tout mon voyage ; je l ’ai
Vapporté au Cap dans le dessein de le faire
passer au Jardin des Plantes jI mais on a vu
dans la relation de mon premier vo yage ,
J|î sort qu’ont eu les graines que j’ayois
„Tome I I I , E