
484 V o y a g e
d’un des kraals de Klaas Baster. Nous y
éumès beaucoup à souffrir'du froid; Àc-
côutumés depuis long-tems aux chalèurs
de la p la in e , nous étions devenus très-sensibles'
à la température froide de ces hautes
montagnes p et le pis de nôtre situatio
n ;' c’est que nous manquions absolu-
ifïent de bois sec pour allumer dû feu.
Heureusement que le lieu , ayant eu long-
tems des troupeaux, avoit beaucoup de
bonzes desséchées qui nous donnerènt une
matière combustible, .dont la chaleur douce
nous défendit de la rigueur du froid. ,
Un autre malheur encore fût q u ë , par
notre manque absolu dé provisions , nous
n’avions pour vivre que le produit de notre
chasse. O r, le gibier manquoit dans
cèè montagnes. En trois jou rs , notis ne
trouvâmes à y tuer qu’uné gazelle kainsi ;
ce q u i, pour sept personnes, faisôit une
mince provision. E n fin , notre disette devint
telle que , dans l ’après-dînèr du troisième
jo u r , manquant totalement dé nourriture',
il fut résolu que chacun dé UoUs
irOit de son côte et chasSeroit pour son propre
compte.
Klaâs, par attachement pour moi, voy.~
lütm’aceompagner. Nous rapportâmes trois
pjcs et six alouettes. Mes chasseurs eussent:
pu mieux faire que nous encore, ren allant
tirer des damans ; mais avides d’un,
gibier plus considérable, ils négligèrent
cette ressource , pour chercher des gazelles.
Tous revinrent à vide, et doublement
affames tant par le jeune précédent que
par l ’exercice violent et forcé qu’ils ver
noient de faire.
■ Je regrettais beaucoup de ne pouvoir
partager avec eux le produit de ma chasse.
Mais à peine suffisant pour Klaas et pour
moj, comment eu t-il satisfait à cinq autres
personnes ?
C’est dans cette occasion que j ’ai yq
tout ce que peut produire, d’effrayant ce
besoin terrible qu’on appelle faim. J’ai enr
tendu dire à un naturaliste célèbre, R o T
mee <le .Lislo , dont nous, pleurons la perte
recente, qu e , pendant le siege de Pondi-
ch é r i, en 176 1 , il s’étdit vu réduit à re garder
comme un bonheur d’avoir pu
acheter aq poids de l’or un vieille culotte
de peau , qu’il partagea, par humanité.
, H h 3