
eux* en comparaison d’une mort affreuse
qu’ils regardoient comme inévitable, et
qu’après tout il leur seroit possible d’échapper
aux Boschjesman , en ne marchant
que la nuit.
Pour cette fo is , leurs terreurs me parurent
fondées. Moi-même je les partar
geç)is j et assurément je n’avois pas plus
d’envie qu’eux de m’exposer à une maladie
q u i, en trois jou rs, pouvoit nous enlever
tous.
J’annonçai donc que le lendemain, au
lever du soleil, nous décamperions, et en
attendant, je pris quelques sûretés de précaution,
qui me parurent nécessaires ; telles
que celle de nous placer au-dessus du
v en t, de nous entourer de feux pendant
la n u it , et sur -t6ut de faire garder nos
bêtes , pour empêcher qu’elles ne s’approchassent
de celles de la horde et ne con-
traçtassent la maladie. Le lendemain effectivement
, après avoir envoyé du tabac aux
malades, avec ordre de le déposer à quelque
distance des huttes et avec défense expresse
de rien accepter d’e u x , je donnai le
signal du départ $ et nous nous éloignâmes
avec la résolution de traverser droit dans
jfest, afin d’échapper à la. contagion qui
rëgnoit sur le côté où nous nous trouvions.
Nous regrettions beaucoup d’avoir quitté,
d e u x jours auparavant, la chaîne des montagnes
de l ’est, qu’il s’agissoit maintenant
4e rejoindre, non sans faire un très-grand
chemin et essuyer de nouvelles fatigues en
pure perte. Mais heureusement que notre
bonne fortune nous envoya une pluie assez
abondante , qui rafraîchit et soulagea nos
boeufs. «
Néanmoins , comiûe , indépendamment
de lejir charge,, ils avoient mes gens à porter
, et qu’il§ firent treize lieues , sans s'être
arrêtes plus d’une heure ou d eu x , ils
arrivèrent très-fatigués. Je fus meme oblige
d’en abandonner, en route, deux, qui heureusement
, rafraîchis par la pluie et le repos
, revinrent au camp dans la nuit.
De toute ma troupe , il n’y avoit que les
Houzouânas qui montrassent encore quelque
courage et quelque forcé. Tous les autres
, peu accoutumés à de grandes fatigues
et peu propres à les supporter , etoient excédés.
Ils ne se trâînoieht plus qu avec pei-
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