
nouveaux venus, leur pressoient la poitrine
, et les accabloient de démonstrations
d’amitié. Très-certainement, quand ceux-
ci eussent été leurs amis ou leurs pareils
ils n’auroient pas montré plus de transports
et d’allégresse. La beauté des pâturages qui
par-tout couvraient le pied des montagnes
me décida à passer quelque^ jours près de
la horde.
Quand ma tente fut dressée , le chef de
la horde vint me v o ir , et il me donna des
nouvelles satisfaisante^ de mon catnp de l’Orange
, o ù , pendant mon absence, rien n’é-
toit arrivé de fâcheux. Il les tenoit d’une
autre horde qui étoit allée y échanger des
bestiaux pour du tabac. Lui-même auroit
bien désiré pouvoir y envoyer quelques-uns
des siens pour le même ob je t, parce que
cette denrée manquoit absolument dans le
kraal. Mais nn événement inquiétant le tenoit
dans des alarmes continuelles et l’em*
pêchoit d’affoiblir sa troupe peu nombreuse,
en détachant un certain nombre d’hommes.
Depuis quelque te.ms , un lion et une
lionne étoient, venus s’établir près de la
horde, dans un fourré fort épais, qu’il
me montra. En vain , elle avoit cherché à
les en déloger ; lés bêtes féroces étoient
restées malgré elle en possession de leur
fort. Châque nuit elles venpient attaquer
non-seulement les troupeaux mais les hommes
même j et la nuit dernière , encore ,
elles avoient enlevé un boeuf. Plein d’espoir
et de cdnfïance clans l ’effet dé mes armes
à fe u , le chef se féliciteit de mon arrivée.
S me prioit de $è*ê exhployer àTe délivrer
d’ùn fléau redoutable / e t ne doutoit
pas que je ne réussisse, si je l’entreprenois.
Des deux moyens que ces bonnes gens
m’offroient de les obliger, il y en avoit un
qui n’étoit point en mon pouvoir; celui du
tabac. Depuis un mois, mon monde étoit à
la demie ration. Il ne: m’en restoit même
pas pour fournir à la consommation qu’exi-
geoit le reste de la route , et je ne youfois
pas que, par une libéralité mal entendue, les
miens eussent à me reprocher de les avoir
privés de' ce qui leur appartenoit, pour en
gratifier , à leurs dépens, des étrangers.
Il m’étoit plus facile de servir la horde
dans ce qui regardoit les deux lions ; mais
seci demandeif'beaucoup de circonspection
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