
les moyens sur lesquels je comptais et qui
jusqu’alors m’avoient réussi pour communiquer
d’une horde à l ’autre, me manquoient
tout d’un coup. Leur refus interrompait
la chaîne de mes correspondances 5 et il me
falloit trouver le moyen d’y suppléer et de
la rétablir par moi-même. Si je parvenois
sans eux à pénétrer chez ce peuple qu’on
me péignoit arec des couleurs si noires j
si je réussissois à me concilier son amitié,
jè n’avo'is pluS rien à craindre ; *il n’était
point de nation que je, ne pusse espérer de
connoître ; et d’avance, le succès de mon
voyage se trouvoit assuré.
Cependant mon excursion chez les fiou-
zouânas ne pouvoit être que très-courte ;
et il me devepoit même impossible d’aller
plus loin. Comme je ne m’étois proposé de
quitter mon camp de l’Orangfe que pendant
quelques mois, je n’avois emporté qu’une
fôible pacotille que les circonstances vè-
noient d’entamer fortemçnt, et quitiroit à
sa fin. O r , quel espoir de me faire des
amis, si je n’avois plus de présens ?
Je sais que naturellement le Sauvage est
bon j c’e s t -à -d ir e , que si on ne l ’offense
pas , il ne nuira' point; Peut - être même
pourra-1- on obtenir de lui quelques services
gratuits. L ’intérêt n’est point sa passion
dominante. S’il désire avec avidité les objets
qu’on lui montre, c’est plus par une
sorte de curiosité enfantine que par un vrai
besoin.
Néanmoins i l ne faut pas se flatter d’en
tirer certains secours, si on ne lui présente
point l’appas de quelque récompense.
Une autre raison encore qui me forçoit
à hâter mon retour vers l’Orange était l ’e-
tat où j ’avois laissé mon camp. Ma giraffe,
exposée sur des piquets , pouvoit se gâter.
Mes collections, fruit d’onze mois de peine,
couroient les mêmes risques 5 et je devois
attendre de Swanepoel plus de bonne volonté
que de soins réels. En le chargeant
de l ’inspection générale de ma caravane,
je lui avois donné un emploi qui, convenable
à son âge ,, exigeait de lui peu de
travail. Il s’étoit accoutumé1à cette vie inactive.
Aussi, quand il avoit balayé ma tente
et fait mon câfé ou mon thé , croyoit - il
avoir rempli Sa journée.
Avec un pareil homme , je ne devois pas