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N ’ayant vu ni la source ni l’embouchure
de la Rivière des Poissons, je ne puis en
assurer le gissement ; et je m’en rapporte
au moins pour ce qui regarde l ’embouchure
, aux navigateurs et aux géographes.
Seulement je remarquerai que dans
un pays aussi coupé que l ’Afrique, c’est
une chose très-difficile que de reconnoître
une rivère dont le cours a quelque longueur.
Tantôt s’enfonçant à travers de
montagnes escarpées, ou se perdant sous
des rochers ; tantôt tombant en cascades,
qui souvent deviennent divergentes, et ne
se réunissent que pour couler en sens contraire
ét remonter vers sa source ; il est bien
difficile de la suivre à travers tant d’obstacles.
Pour y réussir, je ne sais qu’un moyen;
ce seroit de la prendre à sa source et de la
cotoyer constamment, sans jamais îa per-
drè de vue. Mais quel homme oseroit tenter
de pareilles entreprises ? et même celle-
c i eût-eïie toujours été pratiquable ?
p e u e x a c t o n n e r e c o n n o i t p a s d u t o u t l a t ê t e d e c e t
a n i m a l , d o n t t o u s l e s c a r a c t è r e s o n t é t é n é g l i g é s p a r
î e d e s s i n a t e u r .
T N A ï R I Q V I . 3 5 3
Au troisième campement que je fis sur
je fleuve ,„mes Grands Namaquois reconnurent
une chaîne de montagnes fort élev
é e s , dont ils me vantèrent beaucoup les
pâturages, et où , par cette raison, il y
avoit presque toujours, me disoient - ils ,
quelque horde de leur nation. Ces éloges
avoient un b u t , et il n’étoit point difficile
Ue le deviner; mais comme ce but s’accor-
doit avec le mien, je m’y prêtai sans peine.
Ainsi, après avoir levé le camp , je dirigeai
ma marche en suivant les montagnes.
Nous arrivâmes en deux petites journées
dans un riant vallon , ombragé d’une quantité
prodigieuse de mimosas en pleine fleur.
Nous y trouvâmes de nombreux troupeaux
dont la présence nous indiqua le voisinage
d’une horde.
Les Namaquois ayant pris les devants
avec Klaas pour m’annoncer, bientôt nous
la vîmes paroître toute entière. A cette vue,
mes gens témoignèrent une joie folle. On
eût dit qu’après avoir échappés à des assassins
, ils retrouvoient des protecteurs qui
assuroient leur vie. Ils se félicitoient les
nns les autres ; ils serroient la main des