
les palissades. Bientôt nous en fûmes tout
près. Alors nous commençâmes à les presser
davantage. Enfin, quand je vis que*celles
quj formoient la tête èntroient déjà dans
l ’entonnoir, moi et KlaaS nous fondîmes, à
toute bride, sur la queue, en poussant de
grands cris , et tirant nos fusils et nos pistolets
; tandis que ma troupe nous seéon-
doit par la décharge dès leurs et les autres
par leurs hurlemens..
Ce bruit fut un signal pour les Sauvages
qui étaient cachés près des piquets. Tous
se levèrent , en hurlant de leur côté ; et le
vacarme alors devint effroyable. Les animaux
, épouvantés et poussés de toutes parts,
•se. pressoient en colonne , et fuy oient avec
un désordre qui étoit vraiment amusant.
Curieux de connoître ce qui se passoit à
la tête et près des, fosses > j ’y courus. Je
m’attendois à les trouver bientôt comblées
et à voir les gazelles s’y précipiter en tas. Je
me trompois. Ces animaux sont très-fins.
Il n’y avoit eu que-les premiers qui fussent
tombés dans le piège. Les autres, dès qu’ils
l ’appercevoient, l ’esquivoient|É en sautant
par-dessus.; . . . ... ; t isb'i .
Pendant plus d’une demie heure que dura
le passage, ces sauts ne discontinuèrent pas
d’un'instant, et jamais je n’ai vu un spectacle
pareil à celui de tous ces milliers de
fuyards qui couroient. comme le v en t, et
dont la moitié était en l ’air.
Il y en^eut un certain nombre de tués
par nos balles , quelques-uns étranglés par
nos» chiens, d’autres étouffés par la presse ;
niais on n’en trouva que trente-sept dans
les fosses : encore la plupart étaient - ils
dans les premiers trous. Les Namaquois
en avoient aussi blessé plusieurs avec leurs
flèches empoisonnées ; et quoique ceux-ci
eussent fui avec les autres, ils se flattaient
de les retrouver bientôt.
Cette chasse ne me paroissoit pas heureuse.
Je la régardôis même comme mauvaise
j vu les préparatifs qu’elle avoit exigés
, et l’immense quantité de gibier que
nous avions vue* . On m’assuPa, au contraire
, qu’elle était merveilleuse , et que ,
de mémoire d’homme, on ne se rappeloit
pas en avoir faite une pareille.
Ordinairement on regardait comme un
bonheur d’avoir une douzaine de gazelles ;