
il i‘audroit des démonstrations,décisives. La
nation elle-même ne sait rien sur son origine.
En vain je l’ai interrogée à ce sujet
plusieurs fois ; toujours elle m’a répondu
qu’elle habitoit où avoient habité ses aïeux,
et je n’ai pu en tirer d’autres lumières. Ce
n’est qu’à l’époque de mon retour, au Cap
que j ’ai acquis sur elle quelques instructions.
Elles m’ont été données par des vieillards,
anciens Colons de l ’est ; et je vais les
rapporter comme des traditions anciennes,
dont je ne garantis pourtant point l ’authenticité.
Lorsque les premiers Européens vinrent
s’établir au Cap, les Houzouânas, m’a-t-
on d it, habitoient la Canrdebo , les montagnes
de neige et le canton qui sépare ces
montagnes de la Catfrérie* Devenus voisins
de la colonie , quand elle se fut étendue
vers eux, ils vécurent d’abord paisiblement
avec elle ; et même , comme ils avoient plus
d’intelligence et d’activité que les Hotten-
to ts , on les employoit de préférence dans
les défrichemens et autres travaux d’établissement.
Mais bientôt la bonne intelligence
et l’union furent rompues par cette
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foule de bandits qu’on envoya de Hollande
pour peupler le pays.
Ces gens vicieux et fainéans, voulurent
jouir des fruits de la terre , sans se donner
la peine de la cultiver. Elevés d’ailleurs
avec les préjugés des Blancs, ils crurent
que des hommes qui avoient une autre couleur
qu’eu x , étoient nés pour être leurs esclaves.
En conséquence , ils en exigèrent
des corvées j ils les condamnèrent aux travaux
les plus pénibles, et ne les payèrent
plus que par de mauvais traitemens. Les
Houzouânas, excédés de ces tyrannies arbitraires
, refusèrent le service , et se retirèrent
dans les gorges de leurs montagnes.
On les y poursuivit, les armes à la main ;
on les massacra sans pitié , et l’on s’empara
de leurs troupeaux et de leur pays.
Ceux qui échappèrent à tant d’atrocités prirent
la fuite et se tran splàntèrent dans la terre
qu’ils occupent aujourd’hui 5 mais en partant,
ils jurèrent, tant en leur nom qu’en
celui de leur postérité, d’exterminer les
monstres dont ils avoient. tant de raisons
de se venger ; et voilà, si la tradition est
vraie , comment une nation pacifique et