
44 . V O Y A G E
des difficultés. Pour attaquer deux ennemis
aussi redoutables j il nous falloit dé
grandes précautions, et les approcher sans
en être vus ni éyentés , ce qui est toujours
très - difficile. Je m’étois d’abord proposé
de les cerner par un cordon,- qui les en-
velopperoit de toutes parts ét d’avancer
ensuite sur eux en rétrécissant peu à peu
le cercle , en nous réunissant tous au. moment
de l ’attaque j mais les Sauvages m’assurèrent
que ce plan étoit impraticable avec
les animaux dont il est question. En conséquence,
‘je m’abandonnai entièrement à
leurs conseils et nous partîmes armés de
tout le courage nécessaire et chacun d’un
bon fusil. Tous mes chasseurs voulurent
être de la partie, et chacun se proposoit
les plus grandes prouesses ; Je fis mener en
lesse deux de mes forts chiens pour les lâcher
an besoin sur les rhinocéros. Nous
fumes obligés de faire un très - grand détour,
afin de prendre le dessous du vent,
de peur d’en être éventés , et nous gagnâmes
la rivière dont nous suivîmes le cours à
l ’abri des grands arbres qui la bordoient,
et bientôt Klaas nous fit àppercevoir j à un
demi-quart de lieue dans la plaine, les deux
animaux. |©i3
L ’un d’eux étant beaucoup plus gros qufe
l ’autre , je les crus mâle et femelle.- Du
reste, immobiles l ’un à côté de l ’au tre ,
ils gardoient encore la même posture que
quand Klàas les âvoit apperçus pour la première
fois ; mais ils portaient le nez au
vent, et par conséquent nous présentaient
la croupe. C’est la coûtume de ces quadrupèdes
, quand ils sont ainsi arrêtés, de se
placer dans la direction du ven t, afin d’être
avertis, par l ’odorat, dès:ennemis qu’ils
ont à crtaindre; Seulement alors ils détournent
de tems en tems la tête r pour jetter
un coup-d’iBÌl en arrière et veiller de toutes
parts à leur sûîreté j mais ce idés't vraiment
qu’un coup - d’eeii et 1’affe.îre d’un
instantv’ îmna: j ;*
Déjà noirs raisonnions Sur les dispositions
à faire pour entreprendre notre attaque ÿ et
je donnois en conséquerice-quelqùès ordres
à ma troupe , quand Jonket- l’un de mes
Hottentots , me demanda de le laisser seul
attaquer les deux bêtes, comme békruyper.
h Mes lecteurs se rappelleront ici le nòia