
comment la nature offroit des ressemblances
si frappantes dans deux contrées éloignées
de près de douze cents lieues, mais
situées sous des parallèles semblables.
Je ne suis point chymiste j et j ’ai éu
plus d’une fois l ’occasion de le regretter.
Il seroit à souhaiter qu’un voyageur réun
ît , s’il étoit possible , toutes les connois-
sances utiles j mais chacun ordinairement
est décidé dans ses études par un goût prédominant,
presque toujours exclusif à
tout autre ; e t, comme naturaliste, je m’é-
tois livré tout entier à la partie du règne
animal. Néanmoins, sans être chymiste, >
tout jusques-là m’avoit montré cette immense
quantité de sel marin que Hasselquist
avoit trouvée en Egypte ; et je croyois même
commencer à y trouver également du
natron.
En m’éloignant du Cap, j’avois remarqué
constamment que les eau x, d’abord
légèrement saumâtres, se chargeoient de
se l, à mesure que j ’avançois vers l ’équa-
teur. Rien de plus rare qu’une eau parfaitement
douce. Les torrensmême offroient
une salure très-sensible. A peine une lais
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guné avoit-elle été échauffée par le soleil ,
qu’on voyoit s’y former une croûte de sel
concret et cristallisé. Tout étoit salé, jusqu’aux
plantes j et, selon la disposition dè
leurs fibres, plus ou moins favorable à l’infiltration
du s e l , chacune étoit plus ou
moins âcre.
Parmi lès plantes salées de l ’JEgypte »
Hasselquist Compte la saiieore, et spécialement
plusieurs espèces de chenopodia
et de mèsembryenthemum. O r , ces végétaux
sont également indigènes à la partie
méridionale de l ’A frique, et fort abon-
dans, sur - tout dans le pays des Kabobi-
quois.
Enfin, tous les voyageurs nous racontent
que les Egyptiens, malgré la salubrité
de leur climat, sont sujets à la cécité :
infirmité fâcheuse qu’il faut attribuer principalement
à cette poussière de sel que les
vents poussent si souvent dans leurs yeux 5
et il est également beaucoup d’aveugles
dans les contrées dont je parle. Je n’en a i
même vu que là j et les habitans y ont généralement
les yeux plus ou moins affectés
de maladie.