
Ce rapport frappant entre deux pays qui
sont séparés par toute la largeur de la zone
torride ne pouvoit manquer d’exciter puissamment
ma curiosité. Je soupçonnois que
cette poudre dont j’avois t u la plaine cou-*
yerte étoit du natron. Peut-être devois-je
en trouver davantage encore , en avançant
plus loin dans la contrée j et ce sol sans
végétation, dont me partaient les Porter
sandales, me le faisoit conjecturer et ajou-
toit, aux motifs que j ’avois déjà , un motif
de plus pour achever mon projet.
L ’opposition qu’y apportoient mes gens
n’avoit rien à mes yeux qui fut capable de
le suspendre. Aguerri contre leurs petites
insurrections, je n’en étois nullement intimidé,
et riois également des objections
et de la mauvaise humeur des uns, comme
de la poltyonerie et des doléances des autres.
Mes Hottentots e u x - mêmes n’étoient
plus pour moi, en ce moment, que des
enfans qui se lamentent et pleurent lorsqu’ils
se voient éloignés de leur nourrice.
epuis que je m’étois déterminé à me faire
accompagner et annonçer d’une borde à
l’autre par l’habitant du pays, ils étoïent
devenus ¡ceux de ma troupe dont je poù-
vois me passer le plus aisément. Ma méthode
nouvelle m’offroit même tant de facilités
et d’économie j ils me devenoient si
inutiles et si onéreux que peut - être me
fussé-je applaudi d’en être abandonné.
D’ailleurs , la manière dont je voyageois
actuellement, n’exigeoit, à beaucoup près,
ni la même quantité de monde ni le même
appareil. J’avois commencé mon voyage
avec des charriots , et cette méthode en-
trahio-it des inconvéniens sans nombre.
Indépendamment des accidens et des retards
qu’elle n’occasionnoit que trop souvent
j indépendamment de l ’impossibilité où
j ’étois de les réparer, s’ils se brisoient, il
me falloit, pour les entretenir et les faire
roulçr, des dépenses Considérables et superflues.
C’étoient des provisions d’outils
et. de ferrures j 1 c’étoit un grand nombre
d’hommes pour les conduire et veiller aux
animaux5 Ç’étôient sur-tout des doubles relais
, objettrès-couteux et d’un remplacement
fort difficile , parce qu’à une Certaine
distance des colonies il n’étoit pas aisé de
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