
pour le traverser, nous nous rendrions au
camp de l ’Orange.
Un pareil projet étoit bien propre à effrayer
par le long détour et le circuit considérable
qu’il annbnçoit. Mais il calma des
gens simples qui ne s’én doutaient pas , et
qui , accoutumés à voir le soleil se lever et
se coucher tous les jours, sans jamais.réfléchir
sur sa marche et sans songer au Içmde-
main , n’entendoient rien à cette route par
l ’ouest, et n’y appei cevoient qu’un moyen
de retour,
"Mon discours ne put re chauffer des courages
abattus ; mais il ramena dans les coeurs,
l ’illusion de l’espoir ; c’étoit à moi d’en profiter
pour parvenir à mes fins. Quand je
donnai le signal du départ, tout s.’éhranla
dans mon camp, comme par le passé-; mai?
nul ne montra cette ardeur à obéir, qui assure
la moitié du succès ; on me suivit;
voilà to u t, et je pressentis alors que j ’aurais
beaucoup de peine à prolonger Ferveur
que je venois de faire naître.
Je ne prévoyois pas de trouver de bonne
eau , avant d’avoir gagné le pied des montagnes
; mais mes gens, dans leur frayeur >
a’écartoient si souvent , pour gagner du
tems et retarder le moment de l’arrivée ,
qu’ils en trouvèrent. Il me fallut m’arrêter
et camper l à , quoique nous n’eussions
fait que quatre lieues.
Pendant la nuit , nous revîmes les mêmes
feux que la veille. Enfin, au point du
jour, je pris le p a r t i d’aller moi-même à la
découverte, chargé de quelquespresens.
Pour dette fois, je n’èmmenâi point
Klaas avec moi ; il devenoit trop nécessaire
à mon camp , et je l ’y ‘laissai , afin qu’il pût,
en Cas d’allarine, contenir et rassurer la
troupe ; mais j e me fis accompagner de quatre
hommes qui, d’eux-mêmes, s’ offrirent
à me suivre, et q u i, comme m o i, furent
armés de toutes pièces.
D’abord je me dirigeai, autant que les défilés
et les ravins me le permirent, vers i ’cy.-
droit où nous avions remarqué des fieux.
Arrivé avec précaution au pied des montagnes
, il fallut les remonter vers le nord,
parce que je m’apperçus alors que les détours
nous avoient fait descendre trop bas.
L’espace que :je fus obligé de parcourir
par tous 'ces circuits forcés, ne m’offrit qué