
deux Colons l ’en avoient chassée j mais ils
travailloient encore journellement à s’emparer
de ce qui lui restôit, et principalement
de la Fontaine des Lys , sur les bords
de laquelle elle avoit bâti son kraal.
C’étoit dans ce' dessein qu’ils la harce-
loient et la tourmentoient sans cesse ; se
flattant qu’à force de tracasseries et de dégoût,
ils la forceroient de s’éloigner et d’aller
s’établir ailleurs. Ains i, après mille vexa-
• tions, après avoir perdu une partie.de leurs
troupeaux y ces pauvres Sauvages se voyoient
encore au moment d’être chassés de la terre
qui les avoit vu naître , et réduits à chercher
au loin un asyle où ils pussent rester
inconnus à ces Blancs qu’ils avouent tant
de raisons de maudire.
Le coeur me saignoit au récit de tant
d’horreurs ; mais, encore une fo is , quel
remède pouvois-je y apporter ? La horde
me supplia de voir les deux familles usurpatrices
et de leur parler. Je le promis ;
quoique d’avánce jefusse assuré d’échouer
dans ma négociation.
Mes lecteurs me demanderont ici pourquoi
Naseep ne s’étoit point adrèssé direcjb
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tement au gouvernement , ' pour obtenir
justice et réparation. Je lui en fls la question
; mais à son tour il me fit une réponse,
à laquelle je m’atteridois, et qui me proiivâ
que si l ’administration a publié des lois, favorables
aux Sauvages ,-elle n’a point pris
encore les moyens nécessaires pour leur
exécution.
En supposant qu’une horde, qui veut s«
plaindre , ne fût point: arrêtée par Péloi-
gnement des lieux et les difficultés d’une
très-longue route , quel espoir auroit-elle ,
en arrivant au Cap, de faire parvenir ses
réclamations auprès d’un gouvernement
entouré de Blancs qui presque tous , ne v i vant
que d’abus et intéressés à le trompèr,
arrêtent la vérité au passage , ou ne la lui
transmettent qu’altérée et défigurée entièrement.
D ’ailleurs , par un autre genre d’oppression
plus odieux encore, il est presque impossible
aux-malheureux supplians de pénétrer
jusqu’à la ville, Les Colons, ayant
tous, le même intérêt, ils se soutiennent
tous les uns les autres» Quelque injustice
qu’ait commis l ’un d’e u x , il est assuré d’ê