
une terre, connoît les échanges, un com^
mencement de commerce , ou de celui qui
compte simplement sur sa force, et attend
le moment du besoin pour se procurer ce
qui lui manque ? Des lo ix , une police et
des moeurs, sans doute valent beaucoup
mieux; mais les maux que souvent elles
entraînent, diminuent infiniment à mes
yeux le malheur d’habiter un désert et de
n’en connoître paSi
Mon Hottentot, en arrivant au camp ,
causa, par sa présence , une sorte de stupeur.
S’il fut tombé tout-à-coup des nues,
il n’auroit point, je pense, produit plus
d’étonnement. Bientôt on l ’entourra, et
chacun voulut savoir par quelles singulières
aventures il se trouvoit si loin de son
pays natal. On ne lui laissa pas même-de
relâche pendant la nuit. Les curieux ne le
quittèrent point; e t, après l ’avoir régalé,
ils employèrent tout leur tems jusqu’au moment
du départ, à le questionner et à l ’entendre.
Le lendemain, j ’allai , comme je l ’avois
annoncé , dresser ma tente sur le bord du
ruisseau. Pendant la route, je retrouvai ens
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core cette substance saline dont j ’ai parlé
ci-dessus ; mais dans la montagne elle n’exis-
toit plus , et je n’en vis aucun vestige.
Si le retour du Hottentot rassura les Hou-
zouânas, tout ce qu’il leur dit de moi, leur
inspira la plus grande confiance. A peine
fns-je établi qu’ils vinrent tous avec amitié
me visiter. On eût dit qu’un sentiment
de fraternité nous unissoit déjà depuis long-
tems ; mais il n’en fut point ainsi de ma
troupè. Ce nom d’Houzouâna avoit frappé
les esprits d’une telle terreur , les préventions
contre ce peuple étoient si profondément
enracinées , qu’on ne le voyoit qu a - -
vec horreur et avec effroi ; et jusqu’au moment
où nous le quittâmes, il fut toujours
vu des mêmes yeux.
Telle avoit été , à mon premier voyage,
l’épouvante qu’on avoit conçue des Caffres ;
telle fut celle qu’au second, inspirèrent les
Houzouânas ; et je n’espérois pas réussir à
la guérir, plus que l ’autre. Le Sauvage,
entouré d’ennemis et de dangers, doit être /
soupçonneux et défiant. S i, dans lé nombre
des ennemis qu’il peut craindre, il en est
quelques-uns de vraiment redoutables, alors