
Les conducteurs, excédés de fatigue et
perdant patience , me déclarèrent qu’ilne
nous seroit pas possible d’aller plus loin,
si je ne donnois à chaque voiture d'eux timoniers
dressés, comme j ’en avois à la
mienne. C’etoit me dire d’acheter les quatre
autres betes de l’attelage de Bernfry.
Jamais resolution ne me coûta autant à
prendre j mais T malgré toutes mes répugnances,
nécessité fut d’y souscrire. J’envoyai
donc le fusil qui avoit été exigé , et
j ’attendis, sur les bords du fleuve , l ’arrivée
des boeufs.
Dans cet intervalle , je m’acquittai très-
libéralement envers les Namaquois. Récompensés
bien au-delà de ce qu’ils avoient
demandé pour m’accompagner, et infiniment
satisfaits de m o i, ils me quittèrent
et passèrent le gué pour se rendre chez
eux. -
Nous nous en éloignâmes de notre côté,
quand lés-boeufs furent venus f et en deux
campemens et après dix lieues de marche,
en suivant le bois , nous fîmes halte sur
la grève de l ’Orange, où nous abondâmes
facilement avec nos voitures par un défilé
commode et aisé, où il n’y avoit pas un
arbre.
Nous nous apperqumes ici à regret qu’il
ne nous seroit plus possible de côtoyer la
rivière , ni même le bois qui la bordoit,
à cause des mauvais chemins qu’il - nous
eût fallu traverser et qui devenoient impraticables
pour des charriots.
Le’ 27, obligés de quitter le fleuve jusqu’à
ce que nous trouvassions une route
plus commode pour y revenir , nous mar-’
chaînes vers le sud pendant , quatre heures
avant de pouvoir tourner à l’ouest 5 direc-'
tion dans laquelle nous fîmes six lieues
par les plus horribles chemins. Obligé à
chaque instant de monter et de descendre,1
je me voyois , à tout moment, prêt à abandonner
Le projet de rejoindre la rivière
avec mes charriots et tout mon camp. En- '
fin , nous arrivâmes, avec bien de la peine
, le 2.8 au soir , sur l ’emplacement d’un
vieux k ra a l, qui paroissoit avoir été abandonné
depuis bien long-tems et où nous
établîmes le camp.
Le site étoit agréable 3 je ne pus résis?'