
avoit pas un moment à perdre. Pour peu
que là troupe eût le terns de gagner les
défilés des montagnes , la reprise devenoit
impossible , et je le perdois pour toujours.
Je fis donc approcher mes deux chevaux,
que j ’avais laissés derrière le buisson ; et
dépêchant trois chasseurs pour couper par
un coté le troupeau et ses conducteurs, je
gaioppai avec Klaas, pour le couper par
l ’autre.
Bientôt j ’apperçus les Sauvages descendre
par le revers de la colline et chercher
à,gagner une plaine dans laquelle étoit un
bois. En nous vovant,J1 ?- ils redoublèrent de
vitesse et disparurent une seconde fois. Mais
ceux qui emmenoient le troupeau, ne pouvant
le faire marcher aussi vite à cause cle
la descente, et se voyant près d’être enveloppés,
l ’abandonnèrent et rejoignirent, à
toutes jambes, leurs camarades.
Ce qui accéléra encore la rapidité de leur
fuite , fut l ’arrivée de mes trois chasseurs,
qui les joignirent d’assez près pour tirer sur
un-d’eux.et le coucher par terre. Moi, pendant
ce tems, j ’nrrivois avec Klaas par l’autre
extrémité du cercle y et alors nous nous
vîmes maîtres et possesseurs des bestiaux.
Il se pouvoit néanmoins que les fuyards*
revenus de leur première surprise, se reconnussent,
et que, rougissant d’avoir cédé
à quelques hommes, dont le nombre ne
formoit pas- la vingtième partie du leur ,
ils revinssent en force nous attaquer. D’ailleurs
, au défaut de courage, ils avoient*
aussi la ruse et les stratagèmes ; iis peu-
voient nous harceler dans notre retraite et
nous faire perdre en détail le fruit de notre
victoire. Ainsi, sans différer un instant,
je plaçai deux hommes en védettè sur la
colline, pour observer, leurs mouvemens,
s’ils sortaient du bois j ét j’allai rejoindre
au kraal le reste de ma troupe , en faisant
conduire devant moi le troupeau.
Presque toiïtes les bêtes étoient estropiées
, soit par les fatigues excessives de la
marche forcée qu’on leur avoit fait faire ,,
soit par les coups dé sagaie qu’on leur
avoit donnés pour les obliger d’avancer«
Cependant, quelque fût leur é ta t, c’étoit
encore un bonheur pour nous de les avoir
retrouvées. Les Kaminouqiioisreconnurent
les leurs. Aucune des miennes n’y man