
A de pareilles' assertions, on reconnoît
dés théories de cabinet. Un naturaliste qui
apra voyagé se gardera bien de les avancer
; Pexpérience lui apprendra combien
l ’animal sauvage diffère, sur ses appétis
de reproduction , de l ’animal domestique.
La domesticité est un état de servitude et
de dégradation dans lequel l’individu et
même l ’espèce dégénèrent plus ou moins.
Altéré ainsi dans son instinct originel, on
échauffe à dessein l ’animal par des nourritures
particulières ; on le sépare des femelles
ou des mâles de son espèce j on lui
en donne d’autres 3 et on le force à produire
des monstres , q u i, dans la nature,
ne sont qu’un désordre. Je dis désordre,
parce qu’étant inféconds , ils contrarient la
lo i qu’elle , impose à tous les êtres de.se
reproduire. Dans l ’état sauvage, l ’individu
libre suit invariablement ces loix 3 il s’accouple
avec ceux de son espèce, et jamais
avec d’autres. . Ùdto
Si dans nos faisanderies nous voyons an.-
ritiellement le faisan produire avec dès races
qui ne sont point la . sienne y si dans
nos YOÜères le serin produitaYec le tarin,
la linotte et le chardonneret, c’est qu’on
les y force, en les séparant de leurs femelles
et en leur en donnant d’étrangères :
encore n’y parvient-on que quand ces oiseaux
ont é té , en quelque sorte, naturalisés
chez nous. Vainement on tenteroit
l’expérience, ou au moins elle réussir oit
bien plus difficilement sur le véritable
serin de Canarie, sur celui qui arriveroit
en Europe avec les habitudes et l’instinct
de son pays natal. Temminck, mon ami ,
a , depuis de longues années, à • Amsterdam,
une immense vol-ière où il nourr
it toutes sortes d’oiseaux rares et étrangers.
La plupart y multiplient en liberté ;
et jusqu’à présent encore aucun ne lui a
donné un métis.
La servitude dans laquelle vit un animal
domestique, la nourriture à laquelle
on l ’astreint, l ’éducation qu’on lui donne,
altèrent et modifient sa nature. En vivant
avec nous, il semble,"pour ainsi dire, se
corrompre et prendre nos vices. Au moins
c’est ce que nous voydns dans les chiens,
les chevaux, e tc ., que nous élevons autouir
Ç 4