
tion de ces imbécilles sans énergie et sans
ame. Ils vinrent m’annoncer qu’ils ne vou-
loient ni s’engager dans un pays dont personne
de la troupe n’avoit connoissance ,
ni s’exposer aux coups d’une nation que
toutes Les autres avoient en horreur ; et
qu’en conséquence ils se sépareroient de
m o i, si je persistois dans ma résolution.
Je ne répondis à leurs discours que par
un éclat de rire j et les prenant au mot,
je leur permis de partir à l ’instant même.
O r , c’étoit là que je les attendois j et j ’é-
tois d’avance bien assuré qu’aucun d’eux
n’en auroit le courage. Obligés , pour s’en,
retourner , de traverser des contrées infestées
de Boschjesman, jamais ils n’eussent
osé y passer seuls. C’étoit pour eux une nécessité
de rester sous mon aîle , et par excès
de poltronerie, ils en étoient réduits à
se laisser conduire par-tout où je voudrois
les mener. Ce fut la même chose pour leurs
autres camarades.
Chaque bande vint me notifier son départ
5 mais quand il fallut se séparer de
m o i, aucune ne l ’osa. Leur terreur étoit
e n A f r i q u e . i ±5
telle qu’en fuyant les Houzouânas et leur
tournant le d,os, ils eussent craint encore
d’en être attaqués. . * ■
Mes Hottentots du Cap, quoiqu’aussi poltrons,
se montrèrent moins à découvert j et
d’ailleurs , ceux-ci me donnoient d’autres
sujets d’inquiétude. Accoutumés à la vie
fainéante des colonies, sans cesse regrettant
certaines commodités dont ils se voyoient «rprivés,
ils n’étoient nullement propres à des
fatigues telles que celles que nous avions à
supporter. La différence du climat dans lequel
ils se trouvoient transplantés, les rendait
malades y et si je n’a vois pris la précaution
de faire de longs séjours dans la
plupart des gîtes où je m’arrêtois, iïs n’au-
roient pu suffire au voyage et eussent péri
les uns après les autres.
Celui -ci les effrayoit de plus en plus.
Moins bruts que leurs camarades, et par _
conséquent moins francs et moins ouverts ,
ils étoient assez adroits pour cacher leur
pusillanimité sous des prétextes spécieux.
Me parler des Houzouânas, c’eut été se
trahir imprudemment j ils n’en pronon-
çoient pas même le nom. Mais, affectant