cordes : elles en portent quelquefois jusqu’à cinq
sur le dos, et en outre un grand vase plein sur
la tête. Ces réservoirs sont pour ies habitans de
l’oasis, ce qu’est le Nil pour les Arabes qui sont
voisins du fleuve; et comme ces derniers se
lavent et se baignent sans cesse dans le fleuve,
ceux des oasis en font autant dans leurs sources.
Le village d’el-Mendych * est à un demi-quart
de lieue au sud quelques degrés est de Zabou,
et plus peuplé que ce dernier; son circuit est
de 560 mètres : on peut évaluer à six cents le
nombre de ses habitans. II est bâti sur un roqjier
de grès et entouré de murs comme celui de
Zabou. Ses environs sont riches en palmiers
et en sources ferrugineuses. A l’ouest, sous les
murs d’el-Mendych , est une grande source
qui vient du sud, ou plutôt un réservoir ( car il
paraît, d’après le rapport des habitans, que
c’est encore un aqueduc ) ; l’eau est très-ferrugineuse
: la température, le 6 décembre à quatre
heures du soir, était de 27°,6;à l’air, de 18°. Je
goûtai cette eau et la trouvai bonne ; elle est
partie rouge et partie jaune, suivant la couleur
dominante de foxide de fer : quelques légers
gazons se mouvaient au gré des vents à la
* Ou ei-Mendycheh.
surface des eaux, et formaient autant de petites
îles flottantes. L’oasis abonde en eaux minérales.
J ’allai visiter , le 16 janvier, le petit village
nommé Beled el-A3gouzeh £ le vieux village ] ,
situé à un quart de lieue dans I ouest de celui
d’el-Mendych, et habité par quelques gens de
Syouah. A notre vue, les femmes coururent se
cacher dans l’intérieur de leurs maisons ; les
maris eux-mêmes rentrèrent chez eux. Les
Arabes sont toujours dans l’appréhension de
recevoir ce qu’ils appellent un mauvais coup,
d’oeil, ou le regard du malin esprit; ils sont
persuadés que les regards d’un Chrétien peuvent
attirer sur eux toute sorte de malheurs. II n y
a que dix à douze familles qui* habitent ce
petit hameau. Sa position paraît être effectivement
celle d’un ancien village : sur un rocher
de grès, on voit des décombres eii te rre , des
ruines d’habitations anciennes ; il n’existe plus
aujourd’hui que quelques mauvaises cahutes en
terre ■ auprès du rocher est une source d eau
ferrugineuse. Le site du village est très-agréable,
sur-tout par le bois épais de dattiers qui l entoure,
par les abricotiers et les grenadiers qui
l’embellissent , et par l’eau qui ruisselle de toute
part sur des gazons de verdure.