que les Arabes me disaient exister dans la province
de Chaykye : je devais moi-même y arriver
sous peu de jours. M. Waddington, à qui j’adressai
cette question, qui n’avait rien d’indiscret,
ne jugea pas néanmoins à propos d’y
répondre; il me laissa dans une ignorance complète.
Aussi ma surprise fut extrême, quand
je fus arrivé à BarkaI, à l’aspect de ses grands
monumens. Je ne pus voir qu’un moment M. Han-
bury : ses manières affables me firent regretter
de n’avoir pu jouir long-temps de son entretien;
j’aurais p eu t-ê tre tiré'de lui les éclair-
cissemens que m’avait refusés son compagnon
de voyage. L’ouvrage intéressant de ces voyageurs
est aujourd’hui publié : il aurait plus de
mérite, s’ils n’y avaient pas inséré des dessins qui
ne peuvent donner que des idées fausses sur la
nature de ces antiquités.
J ’appris des habitans que, sur l’autre rive, il
y avait des ruines. D’ailleurs j’espérais, en passant
quelques jours dans ce pays, pouvoir y. trouver
des provisions , et il fallait aussi procurer
quelque repos à mes chameaux; je me décidai
donc à y rester deux jours. Je fis chercher une
barque pour traverser le fleuve; on ne put l’obtenir
que le surlendemain 13 janvier. Je m’y
embarquai avec un de mes domestiques arabes :
elle^ était formée d’un tronc d’acacia creusé ,
et de deux planches qui en élevaient les bords,
fixées au-dessous de la barque par des liens
en cuir et des cordes; il n’y entrait aucune
ferrure, pas un seul clou; elle ne pouvait contenir
que trois personnes : mon domestique
et le patron faisaient mouvoir une rame ; avec
une autre je gouvernais. Débarqùés sur la rive,
nous traversâmes des champs de coton et de
d ourah, au milieu desquels étaient éparses
quelques habitations ou cabanes carrées, construites
en paille , telles que sont en grande
partie celles de Dongolah. Bientôt j aperçus les
ruines que les Arabes m’avaient tant vantées ; ce
n’était qu une ancienne forteresse construite en
terre : au premier abord , il est vrai, on croirait
voir les restes d’une pyramide. Le massif en est
considérable ; mais en examinant avec attention
cette énorme masse de terre, on voit quelle
ressemble assez aux forteresses que représentent
les sculptures de Thèbes. Si celles-ci eussent été
construites en pierres dé taillé, comme lesmo-
numens, nous en trouverions sans doute encoie
les restes : il y a donc lieu de croire qu elles
étaient bâties de briques crues, dune grande