et à faire régner dans les déserts de l’Égypte
une sécurité complète, sécurité si favorable aux
Européens, qui aussi depuis ce temps se portent
en foule dans ce pays. Les voyageurs, qui blâment
avec raison le caractère impitoyable des Turcs,
conviennent du moins que, sans les moyens
rigoureux quon a employés en Egypte, nous
serions encore privés de l’avantage de pouvoir
exploiter les riches antiquités de ia Thébaïde, et
des déserts de l’Egypte et de la Nubie.
Je reçus d’Ahmed pacha des firmans pour
les kâchefs de Thèhes ; je reçus aussi des
lettres pour le cheykh khaïyf Abâbdeh, de
Darâou, afin d’obtenir d& lui un guide pour
Dongolah. Marchant à ia suite de l’armée, je
devais néanmoins, autant que cela était possible
sans compromettre ma sûreté, rester souvent
eh arrière, pour dessiner les monumens et
observer les objets curieux que présentait un
pays presque entièrement nouveau ; car quand
on est obligé de suivre des troupes sans pouvoir
s’en détacher un seuï instant, il faut renon-
eer à faire des observations de quelque importance:
c’est un désagrément dont se plaignirent
plus d’une fois des savans français fors de la campagne
de ia Haute-Egypte. J ’appris à Syout que
{’expédition de Doqgolah était retardée. Les
nouvelles d’Albanie annonçaient les mouvemens
d’AIy pacha contre la Porte : le pacha, que
ces mouvemens inquiétaient, suspendit le départ
d’Ismâyl. •
Le 9 , nous quittâmes Syput par un vent
favorable qui nous porta jusqu’à Gournah le
14 mai. Devant rester quelque temps dans ce
village, je fis disposer pour moi une habitation
dans la grande enceinte , formée de murs très-
élevés en briques crues, et qui est au bas de la
montagne dô Gournah ; on la connaît sous le
nom de Deyr. J ’avais besoin d’un local commode
pour y former un dépôt de mes principaux
objets d’antiquités, et mieux adapté à cet usage
que les hypogées, que j’avais toujours habités
dans mes précédens voyages. En attendant que
cette construction s’achevât, j’allai, le soir du
même jour, m’établir, comme les habitans, dans
un magnifique tombeau orné de peintures qui
retraçaient les scènes variées de la vie et de
la mort. L à , je me livrai au repos ; mais l’extrême
chaleur interrompit mon sommeil, et je
m’éveillai au milieu de la n u it, pensant que j’étais
peut-être à la place où, depuis quelques mille ans,
gisait la poussière d’un pharaon. Mon imagination