leurs têtes les restes de boeufs embaumés, armés
de leurs longues cornes. On peut juger de l’effet
produit par ce spectacle étrange au milieu de
la pompe nuptiale; mais au lieu de s’en scandaliser
, les gens de la noce et tout le peuple
s’en amusèrent beaucoup.
C H A P IT R E II.
Visite au kiahya-hey. —■ De'tails sur Syouah. — De'part pour le
Fayoum. — Benysoueyf. — Arabes rebelles. — EI-Lâhoun.__
Coquilles du canal, de Joseph. — Me'dine. — Visite à Ibrahym
agha. ' Défaite des Arabes révoltés.— Puissance actuelle de
Mohammèd-Aly pacha. — Préparatifs de départ pour Syouah.__
Difficultés opposées par les guides. — Camp arabe; affabilité
des femmes ; leurs usages. — Les Arabes veulent détourner et
séduire les guides.
Le 30, je .devais être présenté au kiahya-
bey par M. Gasparis, vice-consul de France
au Caire , accompagné de M. Mssara, drogman
de France, et des janissaires. Sur les deux
heures, nous montâmes a la citadelle,■ où nous
trouvâmes le kiahya-bey ; qui me reçut avec
beaucoup de bienveillance. Après avoir fait
servir le café, il prit lecture de mes lettres : je lui
demandai un mamlouk français pour m’accompagner
comme interprète ; il me répondit avec
bienveillance que je n’avais qu’à le choisir moi-
même, et demander tous les firmans qui pourraient
m’étre utiles dans mes recherches. Je pris
un ordre pour tous les kâchefs de la Haute-
Egypte, afin d’en recevoir les secours qui pourraient
faciliter mes excursions. Nous sortîmes
très-Satisfaits de chez ce ministre, qui témoigne
généralement des égards à tous les Européens.
Ayant reconnu l’impossibilité de pouvoir pénétrer
à Syouah par Terrâneh, je me décidai à
me rendre dans le Fayoum, pour me joindre à
l’une des caravanes qui vont à cette oasis pour
le commerce des dattes qu’elles vendent au
Caire et à Alexandrie.
Je distinguai parmi les mamlouks français
un nommé Baladin, interprète intelligent, le
même qui avait accompagné le colonel Boutin
à Syouah ; il me donna des renseignemens
positifs sur le peuple qui habite l’oasis, et qui
vit dans une indépendance absolue. « Relégués
» au milieu d’un océan dç sable, ces hommes
»superstitieux, me dit Saladin, voient arriver
» tout d’un coup chez eux un chrétien , après
» une traversée de quinze jours de désert, süivi
»de caisses et de bagages, et couvert d’armes
»éclatantes qui leur paraissent garnies d’or et
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