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el-Maroun , est agréable ; l’eau serpente sous les
arbres et va se perdre dans des rizières et des
champs de blé. Les habitans des deux sexes, à
Zabou et à el-Mendych, vont s’y baigner; iis ont
ce singulier préjugé que si un malade réussit à
y prendre sept bains de suite , ii doit guérir infailliblement
: mais souvent, disent-ils | avant
d’arriver à ce terme , on meurt, sur-tout en prenant
ïe septième.
Nous nous baignâmes dans cette source : la
chaleur y était peu sensible. Le 9 janvier, à midi,
le thermomètre y marouait 31°,2 et à l’air 22°.
Auprès de la source, et sur un monticule de
sable, on remarque la tombe d’un cheykh, avec
quelques lambeaux de drap rouge qui pendent
à des branches d’arbre fichées en te rre , et ' un
petit vase destiné à recevoir les aumônes. On
y brûle des parfums dans d’autres vases de
terre également grossiers. Les femmes stériles
viennent en ce lieu soiitaire pour s’y baigner :
elles invoquent le santon ; elles lui offrent des
parfums et quelques parais, afin de devenir fécondes
par son intercession. Au nord de la
source , if existe quelques petits champs de terre
cultivés ; dans l’e s t, on voit aussi un vaste canton
M. Belzoni a négiigé d'en parler.
CHAPITRE IX.
qui fut cultivé dans les temps anciens, et qui
aujourd’hui est abandonné. Toutes les oasis paraissent
avoir ainsi perdu de leur étendue, soit
par le manque des eaux, soit par 1 ensablement,
et sur-tout par la négligence des habitans.
A un quart de lieue d’el-Mendych, nous trouvâmes
les restes d’une construction en grès,
formant une salle- de 7m,91 de longueur sur
6ra,24. Ses murs sont épais ; une seule porte est
ouverte du côté du nord : il ne reste plus que
deux assises. On aperçoit sur les murs quelques
lettres grecques, mais point d’ornemens égyptiens.
Le 10 du mois, arriva une petite caravane
venant de Minyeh, ville de l’Égypte moyenne :
elle chargea des dattes , et repartit au bout de
peu de jours. Mon dessein, en quittant la petite
oasis, était de me diriger par le désert sur celles
de Farâfreh, de Dakheï et de Khargeh : mais je
ne pouvais espérer de faire cette route avec les
chameaux du cheykh Kouroum ; ils étaient trop
fatigués , et ils ne pouvaient trouver dans cette
oasis une nourriture assez bonne pour réparer
leurs forces épuisées. Je congédiai Kouroum,
et je le chargeai de ceux de mes bagages qui
m’étaient inutiles, ainsi que des minéraux, des