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 me donna pour  Kafis Effendy  m’autorisait  à  en  
 prendre.  Je   retournai  à  el-Mecyd  el-Hadjar.  
 La  journée  était  avancée;  il  fallut attendre  au  
 lendemain.  Ces  provisions  étaient  pour  nous  
 d’une  grande  ressource ;  car  les  habitans  trouvaient  
 à peine  de  quoi subsister. 
 Le  18,  j’envoyai  mon  interprète  au  magasin  
 avec  la  lettre  du  mélik  Toumbol,  et  je  
 passai  dans  l’île  d’Argo  avec  tous mes  bagages  
 et  mes  chameaux.  Obligé  d’attendre  quelques  
 jours  avant  de p artir,  j’aimais  mieux  les  passer  
 dans: cette  île,  où  il  y  avait  des  antiquités  à  
 observer,  et beaucoup  d’herbages  pour nourrir  
 nos bêtes: 
 La barque  qui  servit  à  notre passage pouvait  
 contenir  trois  chameaux;  elle  était  formée  de  
 bois  d’acacia  sans  aucune  membrure ;  c’étaient  
 de  fortes  pièces  dont  les  rebords ,  coupés  en  
 sifflet,  étaient  ajustés  l’un  sur  l’autre,  et  unis  
 par  de  forts  clous  :  les  deux  extrémités  de  la  
 barque  étaient  arrondies,  le  dessous  très-plat,  
 les  joints  Calfatés,  mais  non  goudronnés.  Ces  
 espèces  de  barques  sont  assez  solides,  et bien  
 construites  pour  des  gens  qui  ont  aussi  peu  
 d’expériënce.  Je   n’y  vis  ni  mât pour y gréer  la 
 voile, ni tolets ou fiches pour soutenir les rames ;  
 je  crus  qu’elle  n’était  pas  achevée  :  arriva  le  
 maître de l’embarcation, avec cinq autres Arabes,  
 dont  l’un  portait  deux  petites  rames  de  quatre  
 pieds  de longueur;  ils  attachèrent  une  corde  à  
 l’extrémité de fune de ces rames ; un homme assis  
 sur  le  bord,  la  plongea  dans  feau;  au  même  
 instant  trois  autres  tirèrent  la  corde,  ce  qui  ^  
 donna à la rame une force considérable. Un  quatrième, 
   assis  4 Farrière de  la barque,  se  servait  
 de la  seconde  rame  comme  d’un  gouvernail ,  la  
 faisant mouvoir  dans  tous  les  sens  .  On  place  
 aussi  quelquefois  une  rame  de  chaquë  côté  de  
 la  barque. Nous fûmes  promptement  portés sur 
 l’autre  rive,  e t   nous  abordâmes  au  village  de 
 Toura,  dans  la  belle  île  d’Argo.  Un  hippopotame, 
   qui s’y  était présenté  la nuit précédente ,  
 avait  glacé  les  habitans  de  terreur  et  avait  
 ravagé  tout  un  champ.  Les  habitans de  cette  
 île  sont  dans  l’habitude  d allumer  des  feux  
 pendant  la  nuit,  pour  écarter  ces  animaux 
 voraces. 
 Le  soir,  mon  interprète  revint  avec  un  sac 
 *  Cette  description  peut  servir  à  expliquer  les  représentations  
 de  barques  peintes  ou  sculptées  sur  les  monumens  égyptiens.