
 
        
         
		toire cPupe multitude de brigands qui dévastaient  
 les bords  du Nil.  II y a peu d’années encore,  les  
 Bédouins  dépouillaient  impunément  les  voyageurs  
 ,  et les Egyptiens eux-mêmes au milieu de  
 leurs  champs.  Aujourd’h u i,  un  Européen  parcourt  
 l’Egypte  et  la  Nubie  jusqu’à  la  seconde  
 cataracte,  en pleine  sécurité ;  il en est  de même  
 s’il  visite  les  déserts  à  l’orient  du  fleuve  jusqu’à  
 la  mer  Rouge,  et  à  l’occident  jusque  dans  les  
 trois  oasis  que  le  pacha  met  à  contribution.  
 Celle  de  Syouah  n’était  pas  encore  soumise  
 à  Mohammed-Aly  quand  je me  disposais  à  la  
 visiter;  le  peuple  qui  l’habite,  livré  à  une  farouche  
 superstition,  ne  me  laissait  que  peu  
 d’espoir  de  pouvoir  pénétrer  chez  lui ;  jé  craignais  
 du moins de n’y" pas jouir d’assez de liberté  
 pour, faire  la  découverte  tant  desirée  du  temple  
 de  Jupiter Ammon. 
 'Cependant,.  malgré  ces  réflexions  décourageantes  
 ,  je  hâtais  chaque  jour mes  préparatifs.  
 Le  f4,,  le  bey  fit venir pour moi  du  désert voisin  
 un  cheykh,  nommé Kouroum,  qui  jouit  de  
 quelque  considération  parmi  les  Arabes.  Le  
 hasard,  qui  souvent nous  sert mieux  que  nous-  
 mêmes ,  me  fit  trouver  aussi  un  habitant  de  
 Syouah  nommé Yousef :  j’en  instruisis  aussitôt 
 le  bey,  qui  l’appela  devant  lui;  il  décida  que  
 le  cheykh Kouroum  et  Yousef m accompagneraient  
 à  Syouah.  Après  l’audience,  un  kaoûas  
 du  bey  les  conduisit  chez  moi.  Leur  première  
 question fut de me demander ce que je comptais  
 faire à Syouah  : je  ne pus leur cacher que  c était  
 pour examiner le pays. Ils trouvèrent de grandes  
 difficultés  à mon  entreprise  :  ce  ne  fut  qu après  
 un  long entretien que je pus en  obtenir  quelque  
 satisfaction.  Ils më  dirent  que  s’ils  me  conduisaient  
 jusque-là,  c’était  pour remplir  les  ordres  
 du bey,  mais qu’ils  ne pouvaient  lui  assurer que  
 j’entrerais sur les terres de l’oasis ;  que pourtant,  
 si  je  voulais leur  promettre de  ne  rien  écrire  ni  
 dessiner,  de  passer  pour  être  un  habitant  du  
 Caire,  ainsi  que  mon.  compagnon  de  voyage ,  
 M.  Letorzec ,  de  nous  habiller  comme  eux  et  
 de  jouer  le  rôle  de  vrais  musulmans,  nous  
 pourrions  réussir.  Ensuite  ils  me  demandèrent  
 à  se  parler  en  secret  :  ils  se  levèrent ;  et  après  
 s’étre  longuement  entretenus,  ils  se  décidèrent  
 à me  conduire  de  bonne yoïonté à  Syouah.  Le  
 cheykh Kouroum me demanda cent pataquès par  
 chameau ;  le désir  que  j’avais de faire  ce voyage  
 m’obligea  de  céder  à  toutes  leurs  demandes.  
 Yousef me promettant d’employer tous ses efforts