iï était le seul qui pût me convenir ; ce qui exigea
encore un nouveau conseil. Ismayl alla seul à
F audience, et il revint en m’amenant Yousef.
Je les prévins que j’allais d’abord visiter Gebeï-
Moutâf la montagne des Morts] : cette montagne
est dans le nord-ouest de la ville de Syouah ; noqs
y arrivâmes en moins d’un quart d’heure. Elle
est peu élevée, isolée, de forme conique, de
nature calcaire, et remplie de coquilles fossiles;
pour y monter, nous tournâmes plusieurs fois
sur ses flancs, en suivant les cojiches, qui forment,
pour ainsi dire, autant d’étages; elle est
remplie d’excavations qui ont servi de sépultures
aux anciens habitans. Une des plus remarquables
est composée de trois pièces qui se
suivent, d’une profondeur totale de onze mètres;
à droite et à gauche sont cinq petites salles.
Sur les murs de ces grottes souterraines , on
trouve des restes d’hiéroglyphes et de figures
égyptiennes peintes sur un enduit : au fond sont
deux statues mutilées, d’hommé et de femme,
taillées dans le rocher, comme on en voit communément
dans le$ hypogées des rives du Nil.
Généralement, ces excavations sont très-petites
et elles se communiquent. Les hiéroglyphes ÿ
sont très-rares; ce que j’ai vu avec le plus
d’intérêt, ce sont des sujets hiéroglyphiques qui
n’avaient été que tracés au trait rôuge sur un
enduit blanc. On y aperçoit encore les carreaux
destinés .à faciliter à l’artiste l’execution
de son dessin : cette observation a déjà été faite
en Égypte par les voyageurs de l’expedition
française ; j’ai eu occasion de la faire aussi en
Nubie. Les tombes paraissent toutes avoir ete
violées; je n’y ai rencontré que rarement des
ossemens : ils sont épars et me paraissent point
provenir de corps embaumés avec l’asphalte,
à la manière des Égyptiens. Dans toutes mes
recherches, je n’ai pu trouver un seûl morceau
de toile ni de bitume qui pût me faire connaître
la nature de l’embaumement qu’on y a
pratiqué. Je présume que les corps ont pu être
préparés avec le sel, si commun dans l’oasis.
Aucune de cês catacombes ne peut être comparée
avec les magnifiques hypogées de la ville
de Thèbes. Du sommet de la montagne, la
vue s’étend sur tout le district de Syouah I au
bas et dans une cavité du rocher, à la partie
ouest, est une source d’eau douce excellente.
Le 13, je fis dire aux cheykhs que je desirais
visiter les antiquités de 1 ouest : ce n est
qu’après avoir obtenu leur permission qüe je