19° 41' 30" de latitude nord : nous y restâmes
trois quarts d’heure, et nous continuâmes notre
route. Près de ià se trouve la petite cataracte
d’Hanneq, dont le passage est assez dangereux";
sur le fleuve est Koubân, longue presqu’île
dirigée nord et sud , qui conserve un étroit
canal bordé d’acacias; ses bords, bien garnis
d’arbres , offrent un site très-agréable. Là nous
quittâmes la province de Mahas pour entrer
dans celle de Dongolah. À un demi-quart de
lieue au sud du village d’Hanneq, est un santon
regardé comme limite des deux provinces. Sur
la partie droite du fleuve se trouve Kobodi-Aki,
première habitation de Dongolah, à une demi-
lieue d’Hanneq; on y voit beaucoup de terres
cultivées. En avançant dans le sud, ïa vue s’étend
à l’ouest sur une immense plaine de sable et
sur des terrains couverts d’herbes et d’acacias.
Quelques montagnes éparses s’élèvent à une
grande distance également dans l’ouest. Nôtre
route était belle, et longeait un bois très-touffu
d’acacias hauts de 30 à 40 pieds, qui nous masquait
la rive opposée du fleuve, A un quart de
lieue à l’ouest on apercevait encore d’autres acacias,
avec des habitations d’Arabes et des terres
cultivées : ce fut là, seulement, que je crus quitter
l’Égypte. Dans la basse Nubie, comme en Egypte,
le monotone aspect des palmiers, des rochers
brulans, des sables qui menacent d’engloutir
la vallée du N il, font éprouver un sentiment
profond de mélancolie : mais l’endroit où j étais
parvenu présentait une nature toute différente ;
les palmiers s’y trouvaient remplaces par des
bois épais de grands acacias et de nebkas.
Cette verdure me rappela la France ; j éprouvais
la plus vive émotion en traversant cette
riante campagne. A trois heures, nous campâmes
à Haffyr, petit village où sont beaucoup de
santons en te rre , de forme conique. Nous nous
y reposâmes un jour, ce qui nous permit de
faire trois observations de distances lunaires
et de prendre deux hauteurs méridiennes, qui
fixent la latitude de ce lieu à 19° 34' 45 , et sa
longitude à 28° 18'.
Là je rencontrai MM. Waddington et Han-
bury, voyageurs anglais qui arrivaient de la
province de Chaykyé, terme de leur voyage.
Ils retournaient au Caire. Les voyageurs aiment
toujours à se faire accueil à d’aussi grandes distances
de leur pays : je me flattais que cette rencontre
inattendue allait me procurer l’avantage
d’apprendre en quoi consistaient les antiquités