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 deParâfreh, et nous y arrivâmes après dix heures  
 de marche.  A  notre  aspect,  les Arabes  prirent  
 les  armes  et  se  réunirent  à  la  porte  dé  leur  
 village ; la plus grande partie monta sur les tours  
 du Qasr ;  tous avaient des fusils.  Ces préparatifs  
 nous  firent  craindre  qu’iïs  ne  voulussent  pas  
 nous  recevoir.  Nous  voyant  avancer,  ils  en-  
 yoyèrent deux des leurs au devant de nous pour  
 parlementer  :  leur  abord  fut  brusque;  ils  nous  
 offrirent  de  ieau  et  ce  qui  nous  serait  nécessaire  
 ,  à  la  condition  que  nous  n’approcherions  
 pas  du village,  ajoutant  qu’iïs  avaient  ordre  de  
 nous  faire  poursuivre  notre  route.  Notre  réputation  
 dans  ia  petite  oasis  nous  avait  précédés  
 dans  ces  lieux,  et  i’on  savait  que  nous  étions  
 chrétiens;  mais  je  n’étais  pas  en  état  de  continuer; 
   ma  chute  m avait  jeté  dans  une  grande  
 faiblesse ,  et  mon  interprète  pouvait  à  peine  
 parier.  Nous  leur  dîmes  que  nous  avions  des  
 fîrmans  du  pacha  du  Kaire,  et  qu’on  les  leur  
 montrerait  le  lendemain.  En même  temps,  je  
 iis  décharger  mes  chameaux  et  placer  notre  
 tente  à   trois  cents  pas  du village,  vers  le  sud.  
 Les  habitans  persistaient  à  nous  faire  partir ;  
 mais je n écoutai personne et je m’étendis sur mon  
 l i t .  c était un simple tapis  et  une grande couverture, 
   avec ma valise servant  d’oreilier.  Ordinairement  
 j’y  trouvais  un  profond sommeil,  causé  
 sur-tout par la fatigue  des  courses à  pied  et par  
 les  mouvemens  du  chameau.  Instruits de  notre  
 accident  par  le  conducteur,  les Arabes  prirent  
 pitié  de notre  état,  et ils nous laissèrent  dormir  
 tranquilles. 
 CHAPITRE  XII. 
 Plan de l’oasis  d’eï-Farâfreh. — Crédulité des habitans. — Entrée  
 dans  le  château. — Puits  ancien.  -—  Description  du  lieu. —  
 Culture,  produits  du  sol,  arbres  fruitiers. —  Commerce,  industrie. 
  — Maladies. ■— Départ  pour  l’oasis  de  Dakhel. — Observations  
 sur la forme du sol. — Arrivée au Qasr. 
 Le 16, je reçus la visite des principaux cheykhs  
 dü village, et je leur remis la lettre du cadi cheykh  
 Moussa:  ils  n’y firent aucune  attention.  Je   leur  
 présentai  ensuite  plusieurs  fîrmans  de Mohammed 
 Aly pacha;  ils  les reçurent  avec  la  même  
 indifférence,  disant  qu’ils  ne  pouvaient pas  les  
 lire. Voyant bien que ces pièces ne pouvaient me  
 servir que  sur  les bords du Nil  et  non pas  dans  
 les lieux  où  j’étais,  je  n’en  parlai p lu s,  et je  fis  
 servir le café  aux Arabes ;  puis on prépara notre