elles entrent jusqu’à mi-jambes. B est râpe que
le crocodile attaque l’homme quand il le voit
à la nage.
Je vis le prince et le trouvai toujours bien
disposé en ma faveur; il m’offrit une tente et
le tahim [ la ration ] : je le remerciai de ses offres,
les provisions que j’avais faites me mettant à
même de ne pas en avoir besoin pour le moment.
L’ancien kiahya bey, que je vis le même jour,
me reçut de la manière la plus amicale, et me
témoigna beaucoup d’égards ; je pus m’entretenir
avec lui plus souvent qu’avec le prince,
sur la marche de l’expédition. Il me conseilla
de remonter le Nil dans ma. barque jusqu’à
la cataracte d’Ouâdy-Halfah, observant que
j’aurais assez le temps de fatiguer mes dromadaires
: il me dit qu’A’bdyn kâchef se chargerait
de me les faire conduire jusqu’à cette cataracte,
ou je pourrais commencer à suivre les troupes
par terre. Ce parti me convenait beaucoup.
Le 30 au soir , un médecin piémontais, au
service d’Ismâyi pacha , vint m’avertir qu’on
cherchait à me faire perdre la faveur du prince.
Un des objets de l’expédition étant la recherche
ou l’exploitation des mines d’or que l’on disait
exister au Fâzoql, plusieurs médecins grecs,
au service d’Ismâyl, et un voyageur italien, lui
insinuèrent que j’avais une mission du gouvernement
français pour faire des recherches de
minéralogie ; que l’histoire offrait beaucoup
d’exemples de nations qui , dans l’espoir de
posséder des mines d’o r , se hâtaient de porter
la guerre dans les contrées les plus éloignées %
ils parvinrent ainsi à persuader ce prince, et il
décida que je ne suivrais point l’expédition. Le
but de mes détracteurs était de faire ce voyage
seuls, ou de m’occasionner assez de retards pour
qu’ils pussent arriver avant moi sur le théâtre des
antiquités. Le 3 1 , j’allai voir Ismâyl pacha :
au changement que je remarquai dans ses manières,
je jugeai à quel point on l’avait indisposé
contre moi. II me dit que, toutes réflexions
faites, il croyait qu’il n’était pas possible que je
fisse partie de l’expédition ; qu’il allait faire la
guerre ; que le moment n’était pas favorable
aux voyageurs qui voulaient dessiner et décrire
le pay s, puisqu’il était question de s’y battre.
Quand nous en aurons fait la conquête, ajouta-
t-il , vous pourrez y voyager avec agrément,
tandis qu’aujourd’hui vous n’y trouveriez que
des dangers à courir ; je craindrais qu’il ne vous
arrivât quelque événement fâcheux; j’ai trop à