
 
        
         
		éclairs, tout menaçait d’une  tempête prochaine:  
 nous  crûmes  prudent  de  laisser  arriver  dans  le  
 port  de  Saint-Pierre,  en  Sardaigne,  où  nous  
 mouillâmes  dans  la  matinée.  On  descendit  à  
 terre,  et  je  fis  une  promenade  hors  de  la  ville.  
 La  masse  du  sol  est  volcanique |  je  ramassai  
 des  laves  porphyriques,  d’autres scorifîées,  des  
 prismes  de  basaltes  curieux.  Plusieurs  parties  
 de  l’île  sont  encore  habitées  par  un  peuple  qui  
 a  conservé  l’usage  de  se  vêtir  de  peaux  d’animaux  
 : ainsi, pour trouver des hommes presque  
 sauvages,  nous  n’avions pas besoin  de sortir  de  
 l’Europe. 
 Le  2 2 ,  nous  marchions,  favorisés  par  des  
 vents  frais  de  la  partie  du  sud-ouest;  des  
 oiseaux  vinrent  sur  nos mâts,  nous  annonçant  
 l’approche  de Malte  ;  nous  passâmes  à  peu  de  
 distance de cette île  fameuse. Le 28 ,  nous  courions  
 grand  largue  avec  toutes  voiles  dehors,  
 lorsque  nous  rencontrâmes  une  goélette faisant  
 route  contraire  :  ce  bâtiment  était  rempli  de  
 monde;  il  nous  parut appartenir  à  des  pirates;  
 nous  serrâmes  le  vent  pour  l’éviter.  Le  soir,  
 nous  reprîmes  notre  route,  et  nous  aperçûmes  
 le cap  Saint-Jean  de  l’île de  Candie,  terre  très-  
 élevée.  Le 30,  un  fort vent  de  nord  nous portait  
 sur  la  côte  d’Alexandrie,  dont  nous  étiorîs  
 déjà voisins  :  dans  la crainte  de  nous  y perdre,  
 nous mîmes  en travers;  à minuit,  le temps nous  
 permit de  suivre  notre  route.  Le  lendemain,  à  
 dix  heures,  je  revis  encore  une  fois  la  terre  
 d’Égypte. Puissé-je,  dis-je à mon compagnon de  
 voyage,  l’explorer cette fois avec  de plus grands  
 succès,  avec ce bonheur qui semble être réservé  
 aux voyageurs de ma nation ! Bientôt je reconnus  
 cette  plage  basse  couverte  de  sables  brûlans,  
 au  milieu  desquels  s’élève  la  tour  des  Arabes:  
 C’est  ici,  m’écriai-je,  que débarqua l’expédition  
 française!  J ’étais plein  d émotion en approchant  
 de  ces  bords  célèbres ,  où  la  stéribté  du  sol  et  
 le  silence de  la nature forment un si grand contraste  
 avec les souvenirs historiques ;  où le coeur  
 d’un Français  sur-tout  voit par-tout l’empreinte  
 d’exploits mémorables  et  de faits  glorieux  pour  
 la  patrie. 
 Nous  nous  approchâmes  du Port-Vieux  :  un  
 pilote vint  à  bord ;  il annonça que Mohammed-  
 Aly  pacha  était  absent  d’Alexandrie ;  incident  
 fâcheux  pour mes  projets.  A  quatre  heures  et  
 demie,  le  l .er  octobre,  nous  mouillâmes  dans  
 le  port ;  le  canot nous mit aussitôt  à terre. Nous  
 traversâmes,  en  perçant  une  cohue  d’Arabes,