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 que  je  devais  me  cacher  derrière un  groupe  de  
 palmiers  peu  éloigné  du  village,  et  qu’il  viendrait  
 me  prendre  pour  m’y  accompagner.  Je  
 l’attendis en vain  :  bientôt  un  grand  tumulte  se  
 fit entendre ;  ce  début  était  de mauvais  augure  
 pour notre  réussite  à  Syouah. 
 Le  8 ,  de  grand  matin,  j’obligeai Yousef  et  
 Kouroum  à me  conduire  au  village.  Nous  gravîmes  
 un  rocher  d’une  pente  si  rapide,  qu’il  
 fallait  presque s’aider de  ses mains pour  se  tenir  
 dessus.  La  plupart  des  habitans  étaient  sur  
 pied ;  ils  s’avancèrent  vers  la  porte ,  en  prononçant  
 le  nom  de  nosrâniX chrétien ].  Je   vis  
 par-là que  des gens de la caravane m’avaient fait  
 connaître,  et  que  je  serais  également  reconnu  
 à Syouah : il n’y avait donc plus de déguisement  
 qui  pût  nous  dérober  aux  soupçons,  déguisement  
 auquel  d’ailleurs  je  n’avais  jamais  songé.  
 Les  habitans  s’écriaient  dans  leur  dialecte,  que  
 je  n’entrerais  pas  au  village.  Yousef  s’emporta  
 contre  eux :  alors  il  s’éleva  une  querelle  qui  ne  
 finit  que  lorsqu’il  dit ^  en  les  menaçant ,  que  
 j’allais  écrire  à  Alexandrie  pour  qu’on  leur  
 refusât  à  l’avenir  l’entrée  de  la  ville,  s’ils  sJobs-  
 tinaient  davantage  :  alors  nous  pénétrâmes.  Ce 
 village  u’a qu’une  porte  à l’est ;  il  est coupé  par  
 quatre  ou  cinq. ruelles  ou  passages  tortueux;  
 au  centre  est  une  petite  place  circulaire  on  se  
 tiennent  le  marché  de  dattes  et  l’assemblee  du  
 divan  Les  ruelles  sont couvertes d’un  plancher  
 qui supporte  des, chambres,  et  par conséquent  
 il  y  règne  une  obscurité  profonde;  on  a  construit, 
   de  chaque  côté,  de  petits  trottoirs  ou  
 bancs. Il y a dans l’enceinte  un puits carre long,  
 coupé dans  le rocher  :  l’eau  est  la meilleure  de  
 fpndroit. Arrivés sur la  place,  nous entendîmes  
 quelques  habitans de Syouah murmurer  encore  
 contre  les  chrétiens ;  mais  les  Arabes  de  Ter-  
 râneh,  se trouvant sur les lieux,  vinrent  parler  
 en  notre  faveur,  et  ils  nous  apportèrent  des  
 dattes  excellentes.  L’un  de  ces  Arabes  me  dit  
 qu’il  avait  accompagné  le  malheureux  colonel  
 Boutin.  La plupart  des maisons  sont soutenues  
 avec  des  palmiers  dans  l’épaisseur  des  murs ;  
 c’est sur  les terrasses qu’ils  exposent leurs dattes  
 1  pour  les  sécher  :  des  trous  carrés de dix pouces  
 donnent  du  jour  dans  ces maisons. 
 Durant  toute la journée,  le  ciel fut si couvert  
 que je ne pus achever toutes les observations que  
 j?aurais  désiré  de  faire. De  retour à la  tente,  je  
 trouvai la  caravane  en route : je fis  charger mes