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 J  étais  d autant  plus  satisfait  d’avoir  pris  cette  
 route ,  que  j espérais  arriver  ainsi  jusqu’à  el-  
 Khargeh,  ignorant  encore  qu’on  pouvait  continuer  
 dune  oasis à i autre. Avant midi j je m’arrêtai  
 un  moment  pour  prendre  une  hauteur  
 méridienne,  et  à  midi  trois  quarts  nous  arrivâmes  
 au lac  .  Je   fus tout  surpris de l’existence  
 de ce  iac  d eau salée  au  sein d’uri  désert affreux  
 et au milieu des sablés : on ie nomme el-Bahreyn;  
 sa longueur est  de près  de deux  lieues de Fest  à  
 Iouest,  sur  une  demi-lieue  de  largeur;  il  est  
 borné  au  nord  par  une  longue  montagne  et  
 quelques  rochers  isolés,  au  sud  par un  grand  
 banc  de  sable  où  se trouve  un  bois  de  dattiers  
 et  de  doums.  Beaucoup  dé  joncs  et  de  roseaux  
 croissent  sur  cette  rive méridionale ;  aux  extrémités  
 ouest  et  sud,  les  bords  sont  couverts  de  
 natron :  je ramassai beaucoup de  cristaux rhomboïdes  
 de  chaux  sulfatée.  Je  ne  pouvais  me  
 lasser de  contempler  ce lac ,  les  palmiers  qui  le  
 bordent et l’immensité des  sables qui l’entourent  
 sans le combler.  Je  me félicitais  sur-tout de plus  
 en  plus  d’avoir  suivi  cette  route  inconnue  jus- 
 * Latitude,  26°  44' ;  longitude,  environ  30'  à  l’orient  de  la  
 station  précédente. 
 qu’alors,  et  où  je  venais  de  trouver  une petite  
 oasis  et  uïi lac encore  ignorés. Le  cheykh Kouroum  
 me  dit  que  le  lac  était  profond;  mais  je  
 ne pus m’en  assurer  par  des  sondes.  Sa température, 
   à cinq heures  du  soir ,  était de  27  centigrades; 
   l’air  au même moment était  à  18  ,5. 
 A  une demi-lieue du  lac  vers le  sud,  est une  
 source  d’eau  douce  près  de  laquelle  passe  la  
 route;  elle  est  au  pied  d’un  dattier,  dans  un  
 lieu marécageux  et  rempli  de  joncs ;  sa  température, 
   à  quatre  heures du soir,  était  de  25°,8,  
 l’air  étant à 20°.  Nous  ne pûmes  séjourner  dans  
 ce  lieu ,  vu  la  grande  quantité  de  moustiques  
 attirées  par  la  végétation,  et  dont  les  piqûres  
 nous  occasionnaient  une  multitude  de  boutons  
 douloureux; nos chameaux mêmes ne pouvaient  
 y  tenir.  Aussitôt  que  nous  eûmes  rempli  nos  
 outres,  nous allâmes à une demi-lieue plus loin  
 pour  éviter  ces  insectes;  là,  nous .trouvâmes  
 encore  quelques  petits  herbages  pour nos  chameaux, 
   et  nous  y  campâmes  après  six  heures  
 trois  quarts  de  marche.  Nos  chameaux  ,  trop  
 fatigués , ne nous  permettaient pas de  faire toujours  
 de fortes journées, et nous nous attendions  
 chaque  jour  à  être  forcés  d’abandonner  une  
 chamelle  appartenant au  cheykh Kouroum, qui