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 du  grand  temple  me  fut  interdite ;  je  n’y  
 pénétrai  quà  mon  retour,!  La  nuit  s’avançait;  
 nous nous hâtâmes de rejoindre nos  chameaux *.  
 Nous  ne  pouvions  suivre  les - rives  du  fleuve,  
 à  cause  de  la grande  inondation. Les rochers,  
 élevés  quelquefois à pic  au-dessus du Nil,  nous  
 forcèrent  de  nous  tramer  péniblement dans  le  
 sable  pour remonter  dans  le désert.  Nous  arrivâmes  
 à la nuit au  village de Beyllagy,  où nous  
 trouvâmes notre tente.  Ce  jour-là,  nous  avions  
 marché pendant douze heures, à raison du détour,  
 que nous  avions  dû  faire pour voir les temples. 
 Dans  le  désert d’EbsamboI,  on  voit  du  grès  
 blanchâtre et rubané en rose  par  l’oxide de  fer ;  
 à  la  surface  de  ce  désert,  le grès se montre en  
 raisins ou  globuleux;  pénétré  d’oxide  de  fer, 
 Ce  fut le  5  mars  1816  que  je  vis pour  la  première  fois  les  
 beaux  monumens  d’Ebsamboï;  avec M.  le  chevalier  Drovetti ;  il  
 préssa beaucoup  les habitans d’en déblayer l’ouverture. Après trois  
 jours  d’instances,  nous  les  déterminâmes  à  satisfaire  nos  désirs.  
 Ils promirent de  se mettre  à  l’ouvrage pendant le temps que  nous  
 nous  proposions  de passer  à  visiter la cataracte;  ils  avaient  reçu  
 de  M.  Drovetti  300 piastres à  cet  effet. Huit jours  apr.ès,  quel fut  
 notre  étonnement,  quelle  fut  notre peine  de  voir qu’ils  n’avaient  
 rien  fait  ! Mus  par  l’intérêt,  les  habitans  s’étaient présentés de  
 bonne,  volonté ;  mais  la superstition plus forte encore  les  arrêta  :  
 un ancien  cheykh, regardé comme l’oracle du pays, leuravaitprédit  
 que  l’ouverture  de  cet  édifice  entraînerait  de  grands malheurs, 
 souvent en grains d’un demi-pouce et même d’un  
 pouce de diamètre, qui ont été emportés et roulés  
 par les vents. Je  trouvai dans ce désert beaucoup  
 de  petits  fragjnens  de  cornalines ,  d’onyx  et  
 d’agates  orientales.  Les  cultures  de  Beyllagy  
 sont endommagées par les sables qui tombent du  
 désert :  le  séné  y  abonde,  mais  on ne  s’occupe  
 guère  de  le  cueillir,  parce  qu’on  en  fait  peu  
 de cas ; si  l’on s’en sert,  c’est pour  le mêler avec  
 celui  qui vient  des  déserts  situés beaucoup  plus  
 avant dans de  sud. 
 Lors  de  mon  premier voyage  dans  ce pays,  
 en  1816,  je  vis  une plante  que  l’on  y regarde  
 maintenant  comme  perdue  ;  elle  avait  des  
 gousses  renfermant  des  grains  ronds,  un  peu  
 plus  gros  que  le  poivre  :  les habitans s’en servaient  
 comme  de café.  Le 6 ,  nous  continuâmes 
 que pous enlèverions les trésors  qu’il  contenait,  ce  qui  attirerait  
 sur  le  village  une  foule  de  calamités.  Les  crédules  habitans  
 prêtèrent  facilement  l’oreille  à  sa  voix.  Les  cheykhs  eurent  
 toutefois  la  délicatesse  de  renvoyer l’argent qui avait été donné  
 pour  opérer le  déblaiement du  temple. Pour vaincre les préjugés  
 de  ces  habitans,  il  eût  fallu  pouvoir  rester  sur  les  lieux-  et  
 suivre  les  travaux.  Six  mois  après,  M.  Belzoni  s’y  rendit,  
 et  commença le  travail ;  mais  il  dut y  renoncer. Enfin, après  six  
 autres mois, il y fut renvoyé par M.  Sa it,  consul d’Angleterre,  qui  
 fit  de  grands  frais pour déblayer ce  temple,  le  plus  magnifique  
 de  tous  ceux  que les  anciens ont  creusés dans les montagnes  des  
 bords  du Nil. Ebsambol est placé à 22° 19'  de latitude.